Médecin psychiatre, Christophe André a exercé pendant près de trente ans à l’hôpital Sainte-Anne à Paris. Il est spécialisé dans le traitement et la prévention des troubles anxieux et dépressifs. Son approche laïque de la méditation, notamment dans des contextes thérapeutiques, l’a fait connaître du grand public. Avec une trentaine de livres publiés, dont de nombreux best-sellers, Christophe André est considéré comme l’un des spécialistes incontournables de la santé mentale et de la méditation en France.
Dans son nouveau livre “S’estimer et s’oublier”, paru aux éditions Odile Jacob, le médecin explique que l’estime de soi est la manière dont “on se voit, on se juge, mais aussi et surtout, on se traite”. Il s’agit d’un “rapport à soi” intime, qui se construit dans l’enfance et évolue tout au long de la vie. Parmi les facteurs favorisant, dès l’enfance, la construction de bases solides en matière d’estime de soi, il y a “l’amour inconditionnel des parents”. “L’enfant sait que ses parents ne retireront jamais leur amour”, ce qui lui donne une sécurité intérieure. “Ce n’est pas l’approbation inconditionnelle, qui consiste à dire à l’enfant, quoi qu’il se passe, c’est toi qui as raison”, précise le psychiatre.
Écouter les compliments des proches
Par ailleurs, les personnes qui ont une mauvaise estime de soi ont tendance à “trop se focaliser sur leurs défauts et leurs échecs”. Elles sont insatisfaites d’elles-mêmes. L’autre extrême, ce sont les “personnes narcissiques, qui méprisent un peu les autres”. Avoir une bonne estime de soi consiste à poser “un regard équilibré” sur soi-même, être capable de voir ses qualités et ses défauts, sans se flageller lorsqu’on est confronté à un échec ou à une difficulté, explique le spécialiste.
Parmi les conseils que donne l’auteur pour améliorer l’estime de soi : écouter les compliments des proches. En effet, la tendance à les minimiser, à penser qu’ils ne sont pas justifiés est très présente chez les personnes ayant une estime de soi faible. Christophe André souligne pourtant qu’il est plus facile pour les proches d’avoir un regard juste.
À l’origine de l’écriture de ce livre, un message : l’estime de soi ne doit pas devenir un but en soi. Selon l’auteur, elle est en effet un moyen, une base qui permet de s’ouvrir aux autres et au monde, de s’engager pleinement. Il ne s’agit pas d’être centrés sur soi-même, ce qui est néanmoins encouragé par l’époque et les réseaux sociaux, déplore le thérapeute. L’invitation est la suivante : “Faire de l’estime de soi une respiration de notre esprit”.
“S’estimer et s’oublier”, de Christophe André, éditions Odile Jacob.
