AirZen Radio. Pourquoi l’autrice et sage-femme Anna Roy vous décrit comme engagée dans la préface de votre livre ?
Céline Chadelat. C’est un mot qui revient souvent depuis la sortie de mon premier livre “Le Mois d’or”, écrit avec Marie Mahé-Poulain en 2021. Ça a coïncidé avec un moment où on a été les pionnières à lever le tabou sur cette phase. Pendant ce mois qui suit la naissance, les femmes font face à des enjeux physiologiques, psychologiques et identitaires. C’est un moment souvent difficile pour elles et de nombreux parents. Mais il y a des personnes qui sont bien plus engagées que nous. En tout cas, on fait ce qu’on peut à notre échelle.
Pourquoi les futurs parents ne sont-ils pas informés des difficultés à venir ?
La réponse qui revient souvent, c’est qu’on va faire peur aux couples et qu’ils ne voudront plus faire d’enfant. Moi, je pense qu’il en faut plus pour freiner les gens ! Après, il y a aussi un sujet du côté de ce qu’on appelle les primipares. Celles et ceux qui n’ont pas encore eu d’enfants. On veut les prévenir, mais parfois, ils ne veulent pas entendre. Moi-même, j’ai fait partie de ces personnes-là. Je répondais que j’aimerais déjà tellement mon enfant, que j’allais lui donner le meilleur. J’en étais persuadée. En vérité, les choses sont souvent différentes à la naissance. Une fois qu’on est face à la parentalité, cela peut être une claque.
Vous mettez en avant les compétences techniques et émotionnelles des parents dans votre livre. Est-ce que leur faible valorisation dans la société est due à son orientation patriarcale ?
Tout à fait. C’est le chapitre deux de mon livre. J’explique que c’est une des activités qui a été très malmenée au cours des siècles et même des millénaires, parce qu’on est encore dominé par une histoire très guerrière dans laquelle tout ce domaine du soin, de la maternité est extrêmement fragilisé. Même si nous vivons en temps de paix, cette histoire est devenue une culture. C’est-à-dire qu’on pense à être le meilleur, toujours en compétition, écraser les autres, détruire, etc. Tout cela vient complètement en contradiction avec l’essence même du maternage et du care : écouter l’autre, le regarder, lui montrer qu’il est important de faire preuve de tendresse et de prendre soin de lui.
“Les Incroyables Pouvoirs de la parentalité“, 252 pages, 20 euros.