Féministe revendiquée, Eva Kirilof a publié en octobre « Une Place », son premier ouvrage. Loin d’être moralisateur, cet essai de 300 pages interroge sur la place des femmes dans l’histoire de l’art. Une démonstration qui questionne et fait prendre conscience, savamment illustrée par Mathilde Lemiesle, publiée dans la Collection des Insolentes d’Hachette Pratique.
Parmi les œuvres que vous avez étudiées, observées, rencontrées, combien ont été faites par des femmes ? Qu’il s’agisse de peinture, sculpture ou toute autre forme d’art aujourd’hui exposée dans les musées, la place faite aux femmes reste minoritaire. Pourquoi est-ce un problème ? Parce que les femmes n’ont pas eu historiquement la même position sociale que les hommes.
« Le regard de la femme apporterait un œil complémentaire à celui de l’homme. Tout ce que nous connaissons, regardons ou étudions nous a été apporté par le regard des hommes sur la société, la culture ou les femmes. Partant de ce constat, on passe à côté de l’histoire complète », démontre Eva Kirilof.
Exposer les femmes ne se fait pas au détriment des hommes
Il ne s’agit pas ici de décrocher les œuvres des hommes pour y mettre celles de femmes. Il ne s’agit pas, non plus, d’ouvrir des musées exclusivement féminins. L’autrice défend plutôt l’idée de compléter les savoirs et les regards.
Selon les chiffres du ministère de la Culture, en 2021, 67% des étudiants en école d’art sont des femmes. Pourtant, quand il s’agit de l’envisager au niveau professionnel, les femmes ont encore du mal à trouver leur place.
Selon Eva, il faut leur donner confiance pour qu’elles s’installent dans cette histoire, « ajouter des femmes dans les collections permanentes des musées, investir dans la recherche, dans la restauration et la conservation de leurs œuvres, ne pas les oublier en évoquant certains mouvements puisqu’elles en ont influencé. Laissons-les avoir accès à des concours, représenter des pays à des biennales et, dans quelques années, on ne se posera plus la question du genre dans l’art », détaille l’autrice.
Eva Kirilof effectue également ce travail de médiation sur son compte Instagram, où elle est suivie près de 23 000 abonnés : @eva.kirilof