Linfini est le fruit de la rencontre entre Xavier Denis et Tim Muller. Les deux hommes sont animés par une même ambition, celle de créer une filature et de relancer une filière de lin en Bretagne, plus précisément dans le Finistère, dans le secteur de Morlaix, à l’horizon 2023.
« On a décidé de se lancer dans cette aventure après avoir acheté un canapé en lin fabriqué en France, déclare Xavier Denis. On en a fait part à notre ami Yves Jégo, qui a lancé le label Origine France Garantie qui nous a renseigné sur toute l’histoire du lin. Et c’est comme ça, qu’en pleine pandémie, on a pris cette décision. On est monté dans notre voiture pour aller à la rencontre de l’ensemble de la filière et construire notre projet. »
Relocaliser
Pour créer cette nouvelle filature, les deux associés ont fait le choix de la Bretagne parce que « c’était le fleuron historique du lin entre le XIVe et le XIXe siècles, justifie Tim Muller. On a d’ailleurs la chance de retrouver du patrimoine sur le territoire, comme des lieux où a été blanchi le lin. C’est un patrimoine qu’on est fier de pouvoir relancer et faire vivre. »
Les porteurs du projet Linfini comptent recruter plus d’une vingtaine de personnes et les former. Dans cette aventure, ils peuvent compter sur l’aide des autres filateurs français qui se sont relancés ces dernières années, tels qu’Emmanuel Lang en Alsace, Safilin dans le Nord de la France
Un savoir-faire ressuscité
En ce qui concerne le savoir-faire du traitement de cette fibre naturelle, « il s’est totalement arrêté en France dans les années 80-90 à cause de la course à la mondialisation pour toujours produire moins cher, explique Xavier Denis. Mais on se rend compte qu’envoyer une matière qui pousse sur notre territoire pour la faire filer à l’étranger, puis la faire revenir, c’est une hérésie environnementale et économique. On doit garder notre savoir-faire, la course à la mondialisation à ses limites. »
La France est d’ailleurs le premier producteur de lin au monde, elle produit 75% de la production mondiale mais 97% du lin français est filé à l’étranger.
Une fibre de qualité
À l’avenir, Xavier et Tim travailleront en partenariat avec des agriculteurs bretons mais pas seulement « car pour faire un fil de qualité homogène chaque année on devra faire des mélanges. Le lin est une fibre vivante qui peut être de bonne qualité une année et moins bonne la suivante. Pour une fibre optimale, il y aura donc du lin breton, normand et du Nord de la France ».
La production sera vendue en direct, servira pour faire du linge de maison, de l’ameublement, du conditionnement, et de l’éco-emballage.