Il n’y a pas que les particuliers qui se sont mis aux échanges de bons procédés via AirbnB, Leboncoin, Getaround. Les entreprises s’y intéressent de plus en plus depuis la crise sanitaire. Il s’agit de mutualiser ses ressources salariées, matérielles, sa clientèle. “Nous venons d’un monde capitaliste orienté vers la compétition. On se dirige vers un monde qui devient de plus en plus interdépendant, avec une économie collaborative”, explique Navi Radjou. Il est conseiller en innovation et leadership, connu pour ses travaux sur l’innovation frugale et a publié récemment un rapport sur le partage interentreprises avec le think tank Terra Nova.
On l’a vu durant le Covid, les entreprises ont reconnu l’intérêt d’être soudées et de collaborer. C’est cette prise de conscience autour de l’interdépendance qui a favorisé l’essor de ce partage interentreprises. On les voit maintenant dans des territoires à travers la France. Ce n’est pas un phénomène national, c’est plutôt un phénomène qui se décline dans tous les territoires de France.
Dans son rapport, Navi Radjou a mis au jour 6 à 7 types de partage possibles. Celui des déchets de ressources industrielles, des salariés, des clients. On peut aussi mutualiser le pouvoir d’achat, la propriété intellectuelle, partager le pouvoir avec les ONG ou les instances publiques. “ll existe des défis tellement géants, comme les inégalités ou la crise climatique. Aucune instance, aucun secteur ne peut individuellement résoudre ça.”
L’économie collaborative : motivations sociales et écologiques
S’il faut une prise de conscience global, le champ d’action doit être local. “On va étudier comment ça nous affecte, nous. En fonction de ça, on va créer des plateformes de ressources en répondant en même temps à une problématique globale. Le changement climatique, en prenant en compte le contexte local, les contraintes locales et en valorisant les ressources locales pour créer un impact local.”
Car ce que constate Navi Radjou, c’est que le partage B2B n’est pas uniquement pratiqué pour une motivation financière, qui peut être là, mais surtout pour avoir un impact social et écologique. “L’impulsion est venue du secteur public, qui voulait préserver les emplois et les savoir-faire dans le territoire, dynamiser le tissu industriel dévasté par le Covid. Dès sa naissance, le concept avait de bons gènes sur le plan social et écologique pour amorcer ce nouveau paradigme.”