« Ouvrez vos bureaux le soir et le week-end. » C’est la devise des Bureaux du Cœur, une association créée il y a trois ans par Pierre-Yves Loaëc, dirigeant de l’agence de communication Nobilito, basée à Nantes. Le principe : des chefs d’entreprises mettent à disposition le soir et le week-end leurs locaux à des personnes en situation de précarité.
« L’histoire a commencé par un manque de courage, avoue le chef d’entreprise. Avec mon épouse, on sortait d’un dîner chez des amis. Ils hébergeaient un migrant et mon épouse a suggéré cette idée. J’ai refusé pour diverses raisons. En revanche, je lui ai dit qu’au bureau, c’était possible. Il y a une douche, une cuisine, le chauffage, un endroit où dormir et accueillir avec dignité. »
Solidarité des chefs d’entreprises
Un autre élément a motivé par ailleurs le fondateur des Bureaux du Cœur : sa rencontre avec une quinzaine de membres du CJD, Centre des Dirigeants d’entreprise. Ils ont tous été séduits par ce projet. Depuis sa création il y a trois ans, l’association est désormais présente dans une trentaine de villes : Paris, Marseille, Lyon, Nantes, Le Mans, Brest etc…
Cent-dix personnes, appelées « les invitées », ont été accueillies dans les 80 entreprises hôtes. « Et le rythme s’accélère. Il y en a d’autres qui vont nous rejoindre prochainement. Pour moi, c’est un mouvement, parce que c’est une nouvelle manière « d’exercer la solidarité ». Il n’y a pas d’argent, c’est d’humain à humain », déclare Pierre-Yves.
Un sas pour les précaires
Les bénéficiaires sont choisis par les structures en charge de l’insertion. Il ne faut pas qu’ils aient de problèmes d’addictions ou médicaux-psychiatriques. Ce sont plutôt des personnes seules, proches de l’emploi ou salariées. Généralement, elles restent entre 3 et 6 mois, le temps de rebondir. Lors de leur séjour, il y a un cahier des charges à respecter comme le départ le matin pour laisser place à l’activité professionnelle.
En ce qui concerne les entreprises intéressées par le concept, elles sont accompagnées pour permettre à « l’invité » d’être dans les meilleures dispositions. Il faut ainsi un sanitaire, un endroit pour cuisiner, et dormir dans l’obscurité et dans l’intimité.
Le fondateur des Bureaux du Cœur espère développer ce concept. « Il faut savoir qu’un lit d’urgence coûte 10 000 euros par an à la collectivité. Nous, c’est 1 000 euros. On a une vraie réponse, simple et pérenne, mais on a aussi besoin de financement », souligne-t-il. Ainsi, d’après Pierre-Yves Loaëc, l’association permet à la majorité des « invités » de se réinsérer.