“On observe un renouvellement des normes du masculin après la Première Guerre mondiale”, explique Julie Gaucher, qui travaille à la fois sur l’histoire du sport mais aussi sur la littérature associée, concernant la période comprise entre 1918 et 1955.
“Le modèle du soldat n’est plus valorisé et on cherche de nouveaux héros. La littérature va se tourner vers les terrains de sport pour créer de nouveaux modèles. Pour les femmes, il y a une prise de conscience d’un monde en mutation avec, certes une vision toujours traditionnelle de la pratique sportive féminine d’un côté, mais en parallèle la reconnaissance de l’avènement de nouvelles championnes, en chantant le corps de la femme sans voiler la dimension musculaire.”
Si toutes femmes qui ont bravé les critiques sociales ont œuvré pour faire avancer les choses, la militante pour le sport féminin Alice Millat s’est particulièrement illustrée. Elle tient tête à Pierre de Coubertin, qui ne voulait pas de Jeux olympiques féminins, en organisant une fédération nationale féminine. Elle va même plus loin puisqu’elle est à l’origine de la fédération internationale du sport féminin. “Une figure réhabilitée aujourd’hui, puisqu’on commence à avoir des piscines, des stades à son nom”, explique la chercheuse.
Bousculer les lignes
S’octroyer des espaces de pratiques jusque-là réservés aux hommes va permettre d’émanciper les femmes, en modifiant le rapport à la représentation de leur corps mais aussi à l’ouverture à l’espace. “En s’autorisant à sortir sans chaperon, en pratiquant la bicyclette, les femmes vont ouvrir leurs espaces, leurs horizons”, précise Julie Gaucher.”
Toutes les sportives ont permis de bousculer les frontières, sans forcément avoir une activité militante derrière. On leur doit énormément. Sans leur modèle, on n’en serait pas là où on en est aujourd’hui.
“De la femme de sport à la sportive, une anthologie”, de Julie Guacher, éditions du Volcan.