« Maman, j’ai raté l’avion ! Je peux y aller en train ?
– Non, on va te reprendre un billet. C’est trois fois moins cher ! »
Le film culte des années 90 ne démarrait pas ainsi, pourtant la réalité est proche. Selon un récent rapport de Greenpeace, le train est, en Europe, deux fois plus cher en moyenne que l’avion. En France, ce chiffre grimpe à 2,6 fois.
L’organisme a analysé en détails le fossé entre les prix des billets d’avion, mode de transport extrêmement polluant, et ceux des billets de train, dont l’impact sur le climat est pourtant jusqu’à 100 fois moins important.
Une fiscalité inéquitable au profit des compagnies aériennes
« Nous avons mesuré des écarts impressionnants sur certains trajets. Par exemple, un trajet entre Barcelone et Londres coûte jusqu’à 30 fois plus cher en avion qu’en train », explique Alexis Chaillou, chargé de campagne voyage durable chez Greenpeace France.
Pour Greenpeace, cette différence abyssale entre les tarifs de ces deux modes de transport va à l’encontre de l’urgence climatique. Et de la nécessité de diminuer le trafic aérien et de développer le réseau ferroviaire.
« Ce rapport démontre, chiffres à l’appui, ce que toutes les personnes qui voyagent en Europe ont déjà expérimenté. Une différence de prix délirante entre les prix des billets d’avion et ceux de train pour un même trajet. Pour inverser la tendance, il est urgent de mettre fin aux exemptions fiscales anachroniques dont jouit le secteur aérien. Cela permettra d’investir massivement dans le réseau ferroviaire et de rendre le train plus accessible », explique Alexis Chaillou.
Pourquoi ? « On sait que les compagnies aériennes ne paient pas de taxes sur le kérosène. On ignore souvent, en revanche, que les billets ne sont pas non plus soumis à la TVA », détaille-t-il. Un billet de train, en revanche, est soumis à la TVA, aux taxes de péage, à l’électrification des lignes ou encore à l’entretien du réseau.
La France dans le TOP 3 des pires élèves en Europe
La France se place ainsi en troisième position européenne, à égalité avec la Belgique et derrière le Royaume-Uni et l’Espagne. Sur un trajet Paris-Valence (Espagne), par exemple, les billets de train sont en moyenne huit fois plus élevés que ceux d’avion.
Forte de cette étude inédite, Greenpeace demande au gouvernement français de mettre en place des mesures efficaces :
- La fin des avantages fiscaux dont bénéficie le secteur aérien et l’augmentation de la taxe de solidarité sur les billets afin de financer les alternatives bas carbone. Le manque à gagner lié aux avantages fiscaux du secteur aérien en France est estimé à 5 milliards d’euros par an par l’association Transport & Environnement.
- L’accessibilité du train pour tout le monde, via la mise en place d’un “ticket climat”- un forfait qui permet d’utiliser le train (hors TGV) de manière illimitée et à un prix abordable -, la relance du train de nuit et le renfort de tarifs réduits sur les trains longue distance pour les personnes à faibles revenus.