Nelly Pons est journaliste scientifique et culturelle. Elle est l’autrice de plusieurs ouvrages sur le plastique. Parmi eux, “Océan plastique” ou “Déplastifier sa vie”, aux éditions Actes Sud. Elle nous aide à y voir plus clair pour déplastifier nos vies.
AirZen Radio. En soixante ans, nous avons produit plus de 450 millions de tonnes de plastique. Une grande partie termine dans les océans et infeste les couches les plus profondes de la Terre jusque nos cheveux. Les prévisionnistes tablent sur une production multipliée par 3 d’ici à 2060. Comment expliquer cet engrenage ?
Nelly Pons. Le fait que la pollution a à ce point atteint les écosystèmes est une conséquence des matières plastiques, qui sont à la base de notre société moderne. Jamais nous n’aurions pu développer la société de la surconsommation et du jetable telle qu’on la connaît sans ces matières-là. Les volumes produits sont exponentiels. Pour y faire face, on a un besoin profond de remettre en question nos modes de consommation et de production. Mais on n’y est pas.
Les matières plastiques sont en effet transversales dans de nombreuses industries. Neuf jouets sur dix sont en plastique dans le monde, et six vêtements sur dix. Sans parler de l’emballage qui, à lui seul, représente la moitié de la production.
C’est en agissant sur l’usage unique qu’on aurait donc le plus de chance de progresser collectivement ?
Oui, tout à fait. L’idée, en revanche, n’est pas de les remplacer avec des matières comme les plastiques végétaux. L’amidon de maïs, par exemple. Certes, ils ne sont pas fabriqués à partir de pétrole, mais biosourcé ne veut pas dire biodégradable. Une fois les particules de plastique obtenues pour fabriquer ces contenants, le produit est tout aussi polluant.
Le premier palier serait de supprimer purement et simplement l’usage unique. On a assez facilement remplacé le sac à usage unique par du tissu. Or aujourd’hui, chaque enseigne, chaque librairie, chaque festival a son tote bag floqué. C’est trop ! Mais quelque part, c’est excitant. Renoncer au tout jetable, c’est aussi bâtir un nouveau modèle de société.
Quels sont vos conseils pour déplastifier son quotidien ?
Quelqu’un qui n’est pas sensible à la question de la pollution plastique, le sera sans doute à son impact sur sa santé. Dans la gamme des additifs utilisés pour produire le plastique, certains sont hautement cancérogènes, d’autres sont des perturbateurs endocriniens… D’autres encore peuvent impacter la fertilité. Donc plus on éloigne le plastique de soi, mieux c’est pour ces raisons-là.
Autre exemple : ne jamais chauffer un plastique au micro-ondes, même quand il est écrit que c’est possible. Le plastique relâche des particules dans la nourriture quand il est chauffé. C’est principalement le cas en cuisine ou en cosmétique.
Ensuite, vous pouvez vous intéresser chez vous, pièce par pièce, à la présence de plastique. Dans votre salle de bains, votre cuisine, votre bureau. Et essayer de vous en débarrasser progressivement. Il existe beaucoup d’alternatives aujourd’hui.
Quelles ressources pouvez-vous nous conseiller pour en apprendre plus sur le plastique ?
J’ai publié une vaste enquête, “Océan plastique“, aux éditions Actes Sud, pour comprendre la dimension systématique de la pollution plastique. Sur la question du zéro déchet, il y a “La Famille Zéro Déchet” (Thierry Souccar éditions), le contenu produit par Zero Waste France également… Il y a aussi de nombreux challenges auxquels vous il est possible de s’inscrire. Capucine Dupuy a sorti une BD baptisée “Plastic Tac Tic Tac” (Dargaud) qui vulgarise ce fléau en images…
