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La start-up Api déploie ses supérettes autonomes dans les villages

La jeune pousse bordelaise, essentiellement présente en Nouvelle-Aquitaine, vient d’ouvrir sa 15ᵉ supérette, à Lagorce (Gironde). Elle a pour ambition de devenir leader de la distribution dans les territoires désertés.
Devanture en bois d'une supérette Api tout en longueur. Il y a du jaune et du noire
© Photo Api
Journaliste

Faire ses courses dans un commerce de proximité, un acte anodin pour de nombreux Français, mais qui relève du parcours du combattant pour d’autres. En 2021 France, 62% des communes, essentiellement rurales, en étaient dépourvues. Cela représente plus de 21 000 municipalités, selon les chiffres de l’Insee. Ce pourcentage s’établissait à 25% en 1980.

C’est pourquoi, le gouvernement a lancé le programme de relance Reconquête du commerce rural. Il consiste à soutenir l’installation de commerces dans des territoires qui n’en ont pas. En parallèle, des initiatives entrepreneuriales sont lancées, telle qu’Api. La start-up bordelaise a été créée en novembre 2022 par Alex Grammatico et Julien Nau. Leur projet : développer des supérettes de villages.

Développer ce modèle au cœur des villages

Principalement présente en Nouvelle-Aquitaine, Api essaime ces commerces de 40 m² dans la région. Aujourd’hui, ils sont au nombre de 15. Le dernier en date a vu le jour à Lagorce, en Gironde. La particularité de ces commerces : ils sont en libre-service, accessibles 24/7. Pour y entrer, il faut se munir d’un QR code téléchargeable sur une application. Celui-ci est par ailleurs imprimable sur une carte pour les personnes n’ayant pas de smartphone.

Ici, il n’y a ni d’hôte ou d’hôtesse de caisse, mais une caisse automatique. « On a souhaité travailler sur ce modèle-là, car mon associé et moi venons de Charente. On est issus du milieu rural, explique Alex Grammatico. Et puis, on a constaté en faisant des recherches que 10 millions de personnes sont à plus de 20 minutes aller-retour d’un supermarché. »

Photo Api

Des « apiciers » viennent tout de même deux heures par jour pour effectuer différentes tâches comme la mise en rayon, le nettoyage et répondre aux questions des clients. Le fait qu’il n’y a pas une présence humaine constante n’a pas l’air de déranger la clientèle, selon le cofondateur. « On avait un peu peur de ça, confesse Alex. Mais on s’est rendu compte que les personnes sont autonomes, quel que soit leur âge. C’est assez surprenant. »

Justement, Dominique Perez, le maire de Claix, en Charente, a été séduit par ce modèle de commerce. Depuis son élection en 1989, l’édile de cette commune de 1080 habitants n’a pas vu de commerce de proximité. Actuellement, il y a un distributeur à pain alimenté quotidiennement par un boulanger d’une ville voisine. Mais pour faire ses courses, il fallait faire 10 km. C’est pourquoi la municipalité a répondu favorablement aux sollicitations de la start-up bordelaise. “Ça amène un point de rencontre entre des personnes qui ne se sont pas vues depuis quelques jours”, justifie le maire. 

La commune de Claix avait par ailleurs déjà contacté des structures plus traditionnelles pour installer un commerce. Mais elle avait essuyé des refus. “ Économiquement, pour que ça fonctionne, ces enseignes ont une amplitude horaire très large, le panier moyen n’étant pas important, explique Dominique Perez. Puis, pour la gestion, deux personnes sont nécessaires. Malheureusement, on nous a expliqué que les salaires des deux salariés ne pouvaient pas être amortis par les paniers journaliers.”

Devenir le leader dans ce secteur

700 références de produits sont proposées dans les magasins Api. 70% de marques de distributeur, notamment de leur partenaire Carrefour, et 30% de marques nationales. Dans cet ensemble, il y a 10% de bio. Api a parallèlement décidé de développer un programme super local qui référence les producteurs dans un rayon de 50 km.

En ce qui concerne les prix, « on a constaté, que les gens allaient dans les supérettes pour se dépanner parce que les prix sont très élevés. Nous, on souhaite qu’ils y fassent leurs courses du quotidien. On a donc négocié les tarifs », explique le cofondateur d’Api. Ces commerces ouvrent par grappe de trois. Mais avant ça, le projet doit être présenté en conseil municipal pour être validé. On doit s’implanter dans des villages de plus de 600 habitants et à une certaine distance d’un supermarché. Les frais d’installation pour une municipalité se situent entre 3 000 et 8 000 euros.

Par ailleurs, la start-up bordelaise compte bien continuer de se développer. « Pour le moment, on se concentre essentiellement sur la Nouvelle-Aquitaine. D’ici à la fin de l’année, on souhaite ouvrir 40 Api supérettes de village précise Alex. Notre objectif est d’être le leader de la distribution alimentaire dans le monde rural ».

La petite histoire :

Le nom Api expliqué par Alex Grammatico : « C’est le diminutif d’Apidae. C’est la variété d’insecte qui regroupe les 5 700 espèces d’abeilles. Mon associé Julien Nau m’a dit que nos épiceries seraient comme une ruche, qui nourrit les abeilles dans un rayon de 2 km, et nous, on nourrit un village 2 km à la ronde. Et puis, on a mot anglais qui parle à tous. »

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