Avec le soutien du ministère de la Culture, par l’intermédiaire de sa nouvelle délégation générale à la transmission, aux territoires et à la démocratie culturelle (DG2TDC), et de la Fondation de France, l’action Nouveaux commanditaires fait partie des rares acteurs à impliquer directement des citoyens et citoyennes dans la création contemporaine. Avec ses médiatrices et médiateurs, l’association s’applique à accompagner les initiatives artistiques et culturelles des citoyens et citoyennes.
Les œuvres commandées émanent de sujets sociaux ou sociétaux mettant ainsi la démocratie culturelle en action. Les citoyens qui souscrivent à la démarche habitent une grande variété de territoires. Des arts visuels au design, en passant par le théâtre, la littérature ou le cinéma, de nombreuses disciplines sont sollicitées.
Une méthodologie innovante pour faire œuvre ensemble
Depuis le début des années 1990, l’action Nouveaux commanditaires prévoit une médiation entre les acteurs et actrices d’un projet. Cette médiation est assumée par des médiatrices et médiateurs agissant dans les territoires. Leur rôle est d’accompagner l’ensemble des étapes de la commande. Leur objectif est de s’assurer que chaque personne impliquée trouve sa juste place. Mais aussi, que l’artiste soit libre d’explorer des perspectives inédites, proposer de nouveaux imaginaires ou construire des récits alternatifs.
“Cette méthodologie est à l’origine de la création de plus de 500 œuvres d’art en France et dans le monde, dans des contextes très variés, dans tous les domaines de la création. Elle comporte de nombreux bénéfices tant dans l’émergence d’un art de la démocratie que dans l’initiative citoyenne”, explique Mari Linmam, codirectrice de la Société des Nouveaux commanditaires.
Plus de 500 œuvres créées et 45 projets en cours
Cette association a accompagné les commandes de plus de 500 œuvres d’art ces 30 dernières années. Avec 45 commandes en cours, l’association ne faiblit pas dans sa volonté de faire converger les besoins des citoyens et la vision des artistes sur leur contexte social. Toutes les œuvres réalisées par l’intermédiaire des médiatrices et médiateurs agréés par la Société des Nouveaux commanditaires sont marquantes. Elles rencontrent un fort écho dans la société, bien au-delà de la communauté des seuls commanditaires.
C’est le cas par exemple du Jardin la Nurserie (2018). Construit par le collectif d’artistes Superflex au cœur de trois sites hospitaliers de l’Océan Indien. L’Agence Régionale de Santé Océan Indien, qui regroupe de La Réunion et Mayotte, a sollicité cette association. Le but était de réunir le personnel des trois hôpitaux situés sur les deux îles autour d’une commande artistique partagée. Superflex a nourri l’ambition de produire une continuité entre la culture réunionnaise et mahoraise. Mais également d’établir un lien entre la médecine moderne et la médecine traditionnelle.
Dans les trois jardins construits au cœur des hôpitaux de Mamoudzou, Saint-Denis et Saint-Pierre, personnels, patients et visiteurs sont invités à apporter des plantes médicinales et des histoires liées à celles-ci. Mais aussi à jardiner, animer un atelier ou à simplement profiter de cette œuvre conçue comme un abri, un refuge, pour les plantes et les humains.
“Au bord du rêve” avec le Secours populaire
Pour l’œuvre “Au bord du rêve” (2019), les commanditaires ont clamé haut et fort que « l’être humain a besoin de se nourrir l’esprit, le cœur, pour vivre, donc choisir ».
Le Secours populaire de Limoges s’est adressé à l’artiste Anne Brégeaut. Cette dernière a réalisé une œuvre qui met en lumière la multiculturalité des publics fréquentant le Secours populaire. L’artiste est pour ce faire intervenue dans trois quartiers prioritaires de la ville de Limoges (Beaubreuil, Val de l’Aurence, les Coutures).
Mais aussi sur le bâtiment du siège du Secours populaire, en déclinant des peintures murales colorées reprenant le motif du costume d’Arlequin. Ce personnage de la commedia dell’arte se trouve démuni à l’annonce du carnaval car il n’a pas assez d’argent pour s’offrir un costume neuf. Jusqu’à ce que ses camarades se mobilisent et découpent chacun un losange de tissu de leur propre costume afin qu’il puisse se fabriquer le sien. Le manteau d’Arlequin est ici utilisé à la fois comme symbole d’entraide et de diversité. Il représente des rencontres entre l’artiste, les bénéficiaires et les habitants et habitantes des quartiers.