Très souvent, les visiteurs arrêtent Jacqueline Magnanou dans la rue et lui demandent où sont les jardins. Et la réponse de la présidente de l’association des jardins de La Roque-Gageac est toujours la même : « Mais vous êtes dedans ! »
En effet, les ruelles médiévales sont autant de petits jardins remplis de palmiers, d’orangers, de bananiers, de lauriers roses… Ces plantes venues d’ailleurs poussent ici grâce à un microclimat créé par la falaise calcaire sur laquelle le village est construit et la rivière en contrebas. Et même en période de canicule, tout ici est verdoyant et luxuriant.
Mais qui a eu l’idée de ces plantations pour le moins étonnantes ? Gérard Dorin, un ancien habitant du village, décédé en 2014. Dans les années 1960, son travail au sein de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) le faisait beaucoup voyager, notamment dans l’hémisphère sud. Passionné de botanique, il a alors utilisé la fameuse valise diplomatique. Pas pour passer en douce des secrets volés à des pays ennemis, mais pour ramener des graines ! Qui sont aujourd’hui devenues les petites merveilles qu’on croise en déambulant dans le village.
Bambous centenaires
Et les fans d’exotisme ont une raison supplémentaire de visiter La Roque-Gageac. Car tout en bas du village, impossible de rater l’étonnante forêt de bambous qui s’épanouit au pied de la falaise. Et dont l’histoire est également peu banale.
En effet, à la fin de l’Exposition universelle de 1889 à Paris, Guillaume Tarde, un Laroquois, a ramené avec lui des plants de bambous qui y étaient présentés, avant de les planter dans la propriété familiale, au milieu des végétaux locaux. Près d’un siècle plus tard, son petit-fils, Guillaume Bergeret, en tombe amoureux. Il décide alors de les mettre en valeur en ouvrant le parc à la visite, le baptisant La Bambousaie. Il est également le gérant d’un bar-restaurant aux faux airs de lodge africain installé dans cette jungle de graminées géantes !