“Lorsqu’on arrive en Ehpad, ça ne signifie pas que la vie est finie”, se défend Aurélie Clément, animatrice socio-culturelle dans l’établissement. Et pour aider à cela, elle met en place régulièrement tout un tas d’animations et projets spécifiques. Il n’est jamais trop tard pour découvrir les nouvelles technologies.
Tout commence par une rencontre avec Luc Demongeot, modeleur 3D. Il cherche un public pour expérimenter ses conceptions. Aurélie Clément le contacte. Il vient faire un essai. La réussite est totale, les résidents sont conquis. Le voyage commence avec une rapide prise en main du casque et des manettes, appelées Kinect. L’outil est adapté pour une utilisation intuitive. “Aucun résident n’avait encore vu la réalité virtuelle. Et pourtant, ils n’ont pas été plus surpris que ça”, raconte Aurélie Clément.
“Il y a de la vie, de l’échange, du partage”
Le plus étonnant pour eux est de revoir des endroits connus, totalement transformés au fil du temps. “Les résidents ont noté beaucoup de changements d’infrastructures, d’architecture, le développement de la ville qu’ils ont connue ou des lieux visités il y a plusieurs dizaines d’années. L’un d’entre eux est retourné en Algérie, où il avait fait la guerre. Au début, il n’a pas vraiment reconnu les lieux.” Une expérience qui se vit depuis leur fauteuil.
Une animation dont ils sont ressortis “très souriants, émerveillés, très bavards. On leur met le casque et les langues se délient : il y avait une boulangerie ici, on allait boire le café, au premier étage il y avait une voyante, et là, un marchand de chapeaux”… Souvenirs et anecdotes remontent à la surface, narre Aurélie Clément, qui avait recours auparavant à des plans et des cartes pour ce type d’ateliers. “Mais là, de pouvoir marcher dans la rue, ça change tout.”
Les autres résidents peuvent, en outre, suivre le périple de celui ou celle qui est en train de vivre l’expérience, sur des écrans géants. Chacun voit la même chose, donc tout le monde peut participer. Ce qui crée “une cohésion, une unité. Il y a de la vie, de l’échange, du partage”. D’ailleurs, Aurélie Clément fourmille d’idées pour aller encore plus loin dans la démarche. Comme un projet avec les familles : “Le résident pourrait raconter où il est allé dans sa vie et ce qu’il a fait. C’est valorisant pour l’estime de soi, la confiance. La personne est peut-être dépendante aujourd’hui, mais elle a un vécu et c’est une richesse. Le regard des autres porté sur soi est très important et quand on est âgé il est tout aussi important.”
Une palette infinie d’usages
D’autres usages sont possibles. La réalité virtuelle peut également permettre d’apaiser un résident lors d’une crise ou une victime d’angoisses nocturnes. Un outil incroyablement utile aussi lorsqu’il s’agit de réaliser une toilette ou un acte infirmier qui peut être douloureux. Le résident plonge virtuellement dans les fonds marins, par exemple, et n’a plus conscience de ce qu’il se passe à l’extérieur, il voyage. Un outil autant intéressant pour les résidents que pour les soignants : “Il faut le vivre soi-même pour pouvoir mesurer l’impact que ça peut avoir. C’est émouvant pour nous aussi, personnel, de voir les résidents heureux.”
Aurélie Clément œuvre afin d’obtenir du matériel supplémentaire pour pouvoir continuer sur sa lancée et former le personnel. À venir également, le traditionnel baptême de l’air organisé tous les ans avec les résidents de Saulieu. Ceux qui ne pourront pas monter à bord des avions pourront malgré tout vivre l’expérience grâce à la réalité virtuelle. D’autres Ehpad du département ont pu bénéficier de cet outil voué à se développer : “C’est vraiment l’avenir”, s’émerveille Aurélie Clément.