La Grosse Asso est une jeune association qui lutte contre la grossophobie. « On va dans les écoles, c’est l’axe prioritaire de notre action, pour sensibiliser à cette question », explique la cofondatrice Aline Thomas.
Qu’est-ce que la grossophobie ?
La grossophobie est une discrimination à l’encontre des personnes grosses. « Lutter contre la grossophobie, c’est redonner des droits aux personnes qui sont discriminées du fait de leur poids ou de leur apparence physique, explique Aline Thomas. La grossophobie est présente partout : dans le milieu professionnel, à l’école, à l’hôpital ou chez le médecin, dans les représentations culturelles… Celle-ci est renforcée par les attributs négatifs apposés au mot gros. »
Selon Aline Thomas, qui n’a pas de mal à se définir comme grosse, le vocabulaire désignant les personnes en surpoids est la plupart du temps négatif : « On implique souvent que ces personnes sont fainéantes ou se négligent. Qu’elles ne font pas attention à elle », explique-t-elle.
Pour la responsable de l’association, cela est notamment lié à la grossophobie médicale. « On a tendance à penser qu’une personne grosse est une personne qui ne surveille pas son alimentation et ne fait aucun sport. Or, on peut aussi être mince et en mauvaise santé. Il y a de nombreux facteurs qui peuvent expliquer le surpoids. Et le mode de vie, l’alimentation et le sport en sont trois parmi tant d’autres », ajoute-t-elle.
Changer de vocabulaire et décorréler le surpoids du médical
Pour Aline, la grossophobie est directement liée à une vision médicale du corps. « Une personne grosse n’est pas forcément en mauvaise santé. On a tendance à croire qu’il suffit de mieux manger et faire plus de sport pour perdre du poids. Or, c’est bien plus compliqué que cela, ajoute-t-elle. À force de faire culpabiliser les personnes grosses, on les éloigne finalement du corps médical. »
La déculpabilisation doit aussi intervenir dès l’école, selon la Grosse Asso. En Europe, près d’un quart des adultes sont désormais obèses, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Une progression jugée épidémique par l’organisation Le pendant de ces chiffres, c’est un renforcement de la grossophobie. En effet, toujours selon l’OMS, 63 % des enfants en surpoids risquent d’être victimes de harcèlement.
« Nous, on commence à l’école maternelle avec les histoires. Le lien entre être beau et être gros, les représentations aussi. Souvent, quand un personnage de film, de série ou de livre est gros, il est bête ou méchant. Cela fabrique des biais inconscients », explique Aline Thomas.
En primaire et au collège, il y a une vraie discussion avec les enfants. La Grosse Asso compare, à ce moment-là, la grossophobie avec d’autres discriminations comme le racisme ou le sexisme.