“En réalité, tous les poissons sont migrateurs”, explique Jean-Paul Doron, premier vice-président de la Fédération de la pèche et de la protection des milieux aquatiques en France. “Dans cette campagne Sauvons nos rivières, on vise les grands poissons migrateurs, que l’on qualifie d’espèces parapluies, c’est-à-dire que ce sont des bio indicateurs de la qualité des milieux.”
L’esturgeon, la grande alose, la lamproie marine… alternent un cycle en eau douce et en milieu marin. Certaines vont repartir à la mer pour se reproduire, comme l’anguille, d’autres, comme le saumon ou la truite de mer, vont effectuer le chemin inverse.
Mais d’autres, plus petits, qui restent en rivière tout au long de leur vie, vont tout de même se déplacer, rechercher de tout petits cours d’eau, pour pouvoir s’accoupler et pondre leurs œufs. Cette campagne met aussi en évidence la nécessité, pour les espèces aquatiques, de pouvoir accomplir leur cycle biologique, où qu’elles soient.
Et justement, ces poissons migrateurs sont de plus en plus empêchés dans leurs déplacements. “La question principale qui est posée est celle de l’accessibilité”, explique Jean-Paul Doron. Et, en la matière, “on va de recul en recul successifs en raison de la multiplication des ouvrages et du manquement aux obligations”.
Et pourtant, les connaissances en termes de continuité écologique ne sont pas récentes. Déjà, en 1865, une loi imposait de mettre en place des échelles à poissons, comme on les appelait, pour qu’ils puissent franchir ces ouvrages. “On commençait déjà à s’apercevoir, à cette époque, que les barrages installés dans les cours d’eau posaient des problèmes environnementaux.”
Poissons et humains dans le même bateau
“La transversalité du sujet est essentielle. On a besoin de rivières vivantes et mieux gérées. Si les rivières fonctionnent, c’est la biodiversité dans son ensemble et toutes les espèces associées à ces cours d’eau qui en bénéficient. Mais aussi l’alimentation en eau potable des populations”, précise Jean-Paul Doron.
Et parmi les pistes d’action, celle de prendre sa carte de pêche est avancée : “Prendre sa carte, c’est agir. Directement et indirectement. Aujourd’hui, 10% du budget de la Fédération nationale est consacré aux poissons migrateurs.” Une somme qui permet de financer notamment les associations qui portent des programmes de restauration de la continuité écologique et de la connaissance, du suivi, des espèces, avec des outils tels que les stations de contrôle des poissons migrateurs sur certains ouvrages.
”Le fait d’adhérer apporte un soutien à l’engagement de ces associations. Au travers de plus de 4000 associations qui maillent le territoire national, c’est l’expression des pécheurs qui trouve ainsi un écho à tous les niveaux.”