« Personne ne connaît l’inventeur de la douche. Tout le monde pense que ça a toujours existé », s’amuse Jean-Pierre Machain, agent pénitentiaire et auteur de « Bonne Nouvelle, histoire de la prison de Rouen », paru en 2019 aux éditions l’Echo des Vagues. Et pourtant, la douche telle que nous la connaissons aujourd’hui a été inventée en 1873, en France. Plus exactement à Rouen, dans les murs de la prison Bonne Nouvelle.
À cette époque, le lieu est occupé par quelque 900 détenus. Le travail y était alors obligatoire pour occuper les détenus, mais aussi les réinsérer. Parmi les multiples tâches des prisonniers : l’aplatissement des cornes de bœuf, explique Jean-Pierre Machain, pour en faire des boutons. Un travail pénible, extrêmement salissant. Dans la prison, il y avait très peu de baignoires. L’eau était alors changée tous les 20 ou 30 détenus. Et cela pose justement un problème. Car les miasmes, virus et autres microbes prolifèrent, inquiètant le médecin du centre pénitencier François Merry Delabost.
Ce dernier a alors eu une idée brillante : créer ce qu’il appellera les « bains de pluie ». Autrement dit, la douche moderne, avec un pommeau qui filtrera l’eau et versera un petit filet d’eau. Le médecin, soucieux de l’hygiène, réussit à convaincre le préfet qui fera alors installer les premières cabines de douche. Les prisonniers s’y laveront par la suite deux fois par semaine. De quoi faire chuter drastiquement les problèmes de maladie.
L’arrivée de la douche marque ainsi le début de la révolution de l’hygiène, précise Linda Guerry, historienne associée au laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes, spécialiste, entre autres, de l’histoire des bains-douches. Peu de temps après, l’idée de la douche est reprise par la prison de Poissy, la Ville de Bordeaux ou encore l’armée.
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