Adaptée aux enfants, la bibliothérapie offre un espace d’apaisement et d’exploration émotionnelle. Comment fonctionne-t-elle réellement et quels sont ses bienfaits ? Marine Nina Denis, bibliothérapeute et autrice de « 100 idées pour pratiquer la bibliothérapie », paru aux éditions Tom Pousse, partage avec nous ses connaissances.
Selon Marine Nina Denis, la bibliothérapie « c’est le fait d’apprendre à mieux se connaître grâce aux livres et, par extension, de mieux gérer nos émotions ». La bibliothérapie offre un « un espace sécurisant, où les enfants peuvent explorer leurs ressentis à travers des histoires adaptées, souvent lues à voix haute par un adulte ».
Une pratique ancrée dans le quotidien des familles
Beaucoup de parents pratiquent déjà la bibliothérapie sans le savoir. Lire une histoire avant le coucher en est un exemple classique. Ce rituel apaisant aide les enfants à s’endormir plus sereinement. « L’enfant vit dans sa journée beaucoup de nouveautés qu’il ne maîtrise pas. La lecture du soir, avec une histoire répétée et familière, agit comme un point d’ancrage rassurant », explique Marine Nina Denis.
Les enfants apprécient souvent de relire les mêmes livres, surnommés « livres-doudous ». « Ces récits connus par cœur permettent de retrouver une constance rassurante dans un monde en perpétuel mouvement », ajoute-t-elle.
Une aide précieuse pour surmonter les peurs
La peur est une émotion commune chez les enfants et la bibliothérapie offre des outils pour l’apprivoiser. Par exemple, dans le cas des peurs nocturnes, face à un enfant effrayé par l’obscurité ou les monstres, un ouvrage comme « Le monstre du placard existe et je vais vous le prouver » d’Antoine Dole (Actes Sud Jeunesse) peut être un très bon support. « Ces histoires permettent à l’enfant de confronter ses peurs dans un cadre ludique et sécurisé », explique Marine Nina Denis.
En complément, des livres sur les rituels du coucher, comme « Au lit, petit lapin ! » (L’École des Loisirs), introduisent des routines apaisantes. L’enfant y est actif, reproduisant pour le personnage ce que l’adulte fait pour lui. Cela renforce ainsi son sentiment de contrôle sur la situation.
La bibliothérapie pour accompagner les troubles d’apprentissage
Les enfants présentant des troubles de l’apprentissage, tels que la dyslexie, peuvent également bénéficier de la bibliothérapie. « Ces enfants associent souvent la lecture à une expérience négative, liée à l’échec ou à la frustration. L’idée est de leur redonner le goût de lire en mettant l’accent sur le plaisir et non sur la performance », souligne Marine Nina Denis.
Pour cela, des textes adaptés, utilisant des typographies spécifiques et un interlignage large, sont recommandés. Les éditions Tom Pousse proposent par ailleurs une collection dédiée aux adolescents, Ado Dys, qui inclut des héros vivant eux-mêmes des expériences atypiques. « Cela aide l’enfant à se reconnaître dans les récits et à se sentir valorisé malgré ses différences. »
L’invitée.
Marine Nina Denis est bibliothérapeute, formatrice en bibliothérapie et doula de fin de vie.
En parallèle, elle travaille depuis plus de 10 ans dans l’édition de livres jeunesse et d’ouvrages spécialisés dans les troubles des apprentissages. Elle est notamment chargée de communication pour les éditions Tom Pousse et autrice de plusieurs ouvrages. La suivre sur Instagram.