« Il est indispensable que les médias soient les moteurs du changement et accompagnent la transition. » Les mots de Juliette Quef sont clairs. Elle est la cofondatrice du média Vert, un pureplayer consacré à l’écologie, au climat et au vivant.
Les articles sont publiés sous la forme d’une newsletter quotidienne et mis en valeur sur les réseaux sociaux.
Le « nécessaire tournant vert des médias »
« Pour nous, l’écologie n’est pas un sujet en soi. Bien sûr, on peut parler de la pollution, du plastique, du tri des déchets… Mais le climat, le vivant doivent être traités au maximum de façon transverse », explique Juliette Quef. Par exemple, Vert a publié un comparatif des banques les plus polluantes ou les plus vertueuses ou a évalué l’empreinte carbone du Festival de Cannes.
« Les médias ne sont pas en avance dans la prise en compte de l’urgence écologique. Il y a toujours des articles et des sujets qui font la promotion de modes de transport polluants ou qui parlent de douceur printanière pour qualifier des épisodes de canicule précoces », explique-t-elle.
Ceci dit, le changement est en marche. De nombreux médias se forment à l’écologie et donnent de plus en plus la parole aux scientifiques et aux activistes du climat. « Mais il faut passer la seconde. Il faut que l’on soit précurseurs, que l’on suggère des solutions. »
Comment faire pour mettre le journalisme à la hauteur de l’écologie ? Pour Juliette Quef, il faut déjà de la pédagogie. Aujourd’hui, un tiers des Français n’ont pas conscience du réchauffement climatique ou ne l’attribuent pas à l’activité humaine. « Notre rôle est d’aller les chercher. Pas pour les rendre anxieux, mais juste pour expliquer les enjeux scientifiques et la trajectoire vers laquelle on se dirige, à savoir 3 degrés de réchauffement à l’horizon 2100, défend la journaliste. Ce sont nos actions d’aujourd’hui qui détermineront la situation de demain. On a du pouvoir, quels que soient nos rôles sociaux. »
Une charte “pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique”
Juliette Quef est à l’initiative de la charte “pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique“. « Nous avons planché dessus pendant plusieurs mois et avons formulé une dizaine d’objectifs. » Plus de 1500 journalistes l’ont signée ainsi que plusieurs dizaines de rédactions, dont AirZen Radio.
« L’idée est d’aider les médias à mettre l’écologie à la une, à faire de la prévention, de la pédagogie, enquêter sur les bouleversements et les solutions », explique-t-elle. Si cette charte n’est pas engageante sur un plan légal, elle l’est sur un plan moral. « Elle peut permettre à une rédaction de s’en emparer si elle n’est pas d’accord avec les orientations prises par son média… Elle peut servir aussi à un lectorat pour interpeller », ajoute Juliette.
Vert est un média indépendant d’actualité autour de l’écologie. Il produit une newsletter quotidienne, du lundi au vendredi. « C’est un décryptage en 7 minutes chrono de toutes les informations relatives au climat et au vivant. Et cela passe par tous les champs : de l’agriculture à la finance, de la culture au sport », explique sa cofondatrice.