Originaire de l’île de La Réunion, Julie Gautier réalise des films majoritairement tournés sous l’eau. Ancienne apnéiste, danseuse et chorégraphe, elle a notamment réalisé “Ama”, “Narcose” et le clip “Runnin’” de Naughty Boy, Arrow Benjamin et Beyoncé vu plus de 446 millions de fois.
La réalisatrice vit aujourd’hui à Nice (Var). Désormais, elle souhaite réaliser des films qui ont du sens. Rencontre avec celle qui se qualifie comme une « conteuse d’histoire sous-marine ».
AirZen Radio. Comment l’eau est devenue votre élément phare ?
Julie Gautier. Très facilement, en fait. Comme le dit ma mère, j’ai été conçue (rires). Je suis née à l’île de La Réunion, donc entourée d’eau. Depuis toute petite, la mer, l’océan, la plage, font partie de mon univers et de ma vie au quotidien.
Quand j’étais petite, j’ai commencé à faire de la chasse sous-marine avec mon père et de la danse avec ma mère. Ces deux univers, ces pratiques sportives, ont toujours fait partie de ma vie. Être dans l’eau, c’est ma deuxième nature, alors je n’ai aucune peur. Me mettre dans l’eau, c’est une immersion dans le placenta, je m’y sens bien, en sécurité justement.
Vous avez donc combiné ces compétences pour réaliser des films sous l’eau avec un message derrière…
Oui, même si c’est assez nouveau en fait. Quand j’ai commencé à faire des films, j’avais surtout envie d’exprimer des émotions, de raconter des histoires, de faire des mini-fictions. Et au fur à mesure que je voyais l’impact que mon travail pouvait avoir sur les gens, et avec la prégnance de la résonance de la cause écologique, je me suis dit : je ne peux pas continuer à faire des films juste pour du beau et pour des histoires. Je dois faire des films en cohérence avec l’état du monde actuel. Je sors donc un court-métrage en octobre, qui s’appelle “Bakélite”. C’est mon premier film d’activisme. Il est orienté cette fois-ci sur la sensibilisation et la pollution plastique dans les océans.
Pouvez-vous nous en dire plus sur ce projet…
Il raconte l’histoire qu’on a eue avec le plastique, donc la bakélite, l’ancêtre du plastique. C’est sa première version industrialisée. Dans ce film, il y a une petite naïade qui représente l’âme de l’océan et de l’humanité. Elle se balade dans son environnement, qui est la mer, et tombe sur du plastique. Elle réveille en fait une espèce de géant de plastique avec lequel elle commence à danser parce qu’au début, le plastique, c’était fantastique. Mais à force de l’utiliser, de le surutiliser à n’importe quel escient, ce géant grossit, grossit, grossit et devient menaçant. Et se passe ce qu’il doit se passer. Vous verrez la suite dans le film. Mais voilà, c’est l’histoire de ce combat de l’humanité pour venir à bout de sa propre créature.
Collaborez-vous avec des structures pour la diffusion de ce film ?
Il a été produit par Imagine 2050, une boîte de production qui ne fait que du contenu positif d’imaginaire. Ce film est aussi soutenu par l’association On est prêt, qui va se servir de ce projet comme un moyen de diffuser, après des campagnes, et de faire des actions concrètes. Il sera en accès gratuit.
Si mon film n’est pas relayé et utilisé par des structures, il ne sert à rien. C’est bien beau de faire des likes, d’émouvoir, de toucher les gens, d’avoir des vues. Mais il faut profiter de l’attention qu’on a récupérée de ces gens, de l’émotion qu’on peut procurer, pour les conduire vers des actions concrètes.
À quel moment avez-vous eu envie de faire des films utiles ?
C’est venu petit à petit, en voyant les retours que les gens me faisaient après avoir vu mes films. Certains avaient fait changer de vie et sortaient du consumérisme. Maintenant, j’ai envie de pouvoir participer à l’effort commun.
L’eau est un élément magique et ce que j’aime, c’est remettre de la magie dans le monde réel. On est bombardé d’effets spéciaux, de films de grande audience, mais qui nous montrent des fausses réalités. Ce qu’on oublie, c’est qu’il y a aussi de la magie dans le monde réel et particulièrement dans un film qui a été fait sans aucun effet.
Avez-vous un dernier message à adresser ?
Maintenant qu’on sait ce qui se passe, pour pouvoir inverser la tendance, il faut faire le maximum pour le bien de l’humanité et de la vie sur Terre. Je dis souvent, peu importe l’action qu’on engage, il ne faut pas réfléchir à l’impact qu’on pourrait avoir parce que ça peut être un frein. Toute action positive est bonne à prendre.