Xavier Mauduit est historien, journaliste et vient de codiriger « Histoire des préjugés », aux éditions les Arènes. Livre dans lequel une quarantaine d’historiens et historiennes s’attachent à expliquer les origines et la capacité d’adaptations à travers les siècles de ces idées préconçues.
AirZen Radio. Qu’est-ce qu’un préjugé ?
Xavier Mauduit. Un préjugé, c’est vraiment une idée qu’on accole sur un groupe de population, plus ou moins grand. On dit « ils sont tous comme ça ». Un groupe de population peut être plusieurs choses. Des nations – « les Allemands sont des ploucs », « les Anglais sont excentriques » et « les Français sont arrogants ». Cela peut être aussi à l’intérieur de la société : les hommes, les femmes, les jeunes, les vieux, les pauvres, les riches.
En réalité, dès qu’il y a une différence entre des groupes, l’un d’entre eux va coller une étiquette à l’autre, avec, souvent, un adjectif : violent, paresseux, etc. C’est ça l’idée du préjugé, l’idée du préconçu. On ne cherche même pas à savoir d’où ça vient ou si c’est vrai : c’est comme ça.
En quoi étudier l’histoire des préjugés peut mettre en avant notre capacité à progresser ?
X. M. Nous avons pris le biais de l’Histoire pour étudier ces préjugés. Cela nous donne la possibilité de prendre un recul évident sur des choses qui nous semblent évidentes depuis toujours. Ne serait-ce que montrer que le racisme, tel qu’on le voit aujourd’hui, est quelque chose de finalement très récent d’un point de vue historique puisque qu’il fait son apparition à la fin du XIXe siècle. Auparavant, et pendant très longtemps, le racisme était social. Un prince noir était bien mieux considéré qu’un paysan blanc par exemple. Montrer cela permet de comprendre. Et dès qu’on comprend quelque chose, le monde paraît plus clair. Ainsi, nous pouvons faire face à ces idées préconçues et les dépasser.
Parce que les préjugés sont des réponses trop simples face à un monde complexe ?
X. M. Oui, les préjugés servent à simplifier le monde. Le monde, c’est grand, avec plein de pays, plein de cultures. C’est compliqué. Donc, quand on commence à dire « les Chinois sont comme ci ou comme ça », c’est faux, bien sûr, mais c’est aussi plus simple à comprendre. Mais encore une fois, lorsqu’on s’intéresse à savoir d’où cela vient, le monde est plus lisible. Si on dit « il y a des bons et des méchants », c’est trop simple. Dès que l’on a des éléments d’analyse historiques, on comprend beaucoup de choses.
“Histoire des préjugés”, sous la direction de Xavier Mauduit et Jeanne Guérout, éditions Les Arènes, 480p, 24 euros.
