Michel est non-voyant, certes. Mais il est bien d’autres choses. Le quinquagénaire, croisé lors de la journée de sensibilisation au handicap visuel à Talence, en Gironde, a une vie bien remplie. Marié depuis 21 ans, Michel travaille comme serveur dans le restaurant Dans le noir, au Radisson Blu, à Bordeaux. Ce restaurant propose une expérience culinaire dans l’obscurité totale, permettant aux clients de mieux comprendre le quotidien des personnes déficientes visuelles.
Son temps libre est bien rempli. Il est en effet secrétaire d’un club de rugby local et grand amateur de sport. Sa passion principale ? La course à pied, avec un record impressionnant de 3 h 10 au marathon. Il a d’ailleurs participé à 38 marathons dans des villes emblématiques comme New York, Paris, Berlin et Amsterdam. Pour accomplir ces courses, il doit être accompagné d’un guide, chargé de réaliser le parcours à ses côtés de façon à ce qu’il puisse, au mieux, appréhender le terrain.
Un champion de tir à l’arc
Le sportif souligne l’importance de la symbiose entre le coureur non-voyant et son guide. Un lien sans lequel il ne pourrait pas accomplir ces exploits. “L’objectif est de ne faire qu’un avec le guide, c’est la base parce que sans eux, je reste à la maison ! […] N’importe qui ne s’improvise pas guide”, raconte-t-il.
Pour cela, il les forme au sein de l’association Urban Runners, une association avec laquelle il s’entraîne régulièrement. Il enseigne ainsi l’importance “de prévenir les obstacles, tels que les dos d’âne ou les côtes”, pour assurer une expérience sécurisée et agréable au non-voyant.
“J’ai une autre corde à mon arc”, raconte-t-il d’un ton rieur. C’est le cas de le dire ! Ce touche-à-tout est en effet également champion de France de tir à l’arc non-voyant. Pour viser la cible, il a ainsi mis au point un stratagème ingénieux qui repose sur le toucher, le positionnement du corps et la complicité d’une tierce personne pour l’aider à se situer.
Développer d’autre sens
Il affirme avoir “compensé” son handicap en développant une très bonne ouïe. À distance, il est ainsi capable de percevoir et de reconnaître les sons lui permettant de mieux se situer dans son environnement.
Il nous livre enfin son conseil pour aborder une personne malvoyante. “Si vous proposez votre aide à une personne déficiente visuelle, il faut la laisser faire, ce n’est pas à vous de la toucher.”