Au Verdon-sur-Mer, à l’embouchure de l’estuaire de la Gironde, existe un camping géré par la même famille depuis 1967. Pascal Saurais en a hérité la gestion en 1982. “J’ai grandi dedans, c’était naturel. J’ai toujours eu un rapport fort à la nature parce que mon grand-père était laitier juste en face”, raconte le directeur du Royannais, qui n’a fait que maturer son exploration environnementale depuis 40 ans.
“J’ai fait des études de sociologie et d’ethnologie, donc je m’intéressais beaucoup au milieu naturel. Et puis, j’ai beaucoup voyagé. J’ai vécu en immersion complète, ce qui m’a donné le sens des valeurs authentiques. De plus en plus, je prône une sobriété heureuse”, précise le gérant.
Au-delà d’un simple camping
C’est ainsi que depuis 2011, le camping de Pascal Saurais est membre du 1% pour la planète, c’est-à-dire qu’il reverse 1% de son chiffre d’affaires à des associations reconnues d’utilité environnementale. Au départ, il soutient de grandes associations comme Survival, Greenpeace, Bloom. Puis, en 2017, il a été sollicité par une structure plus locale de compostage basée à Poitiers, qui essaie de promouvoir la gestion, le traitement des biodéchets. “Ça m’a donné envie de m’emparer de ce sujet. J’ai voulu traiter les biodéchets du camping”, raconte Pascal Saurais.
En 2019, il a créé sa propre association, Ascovada, qui fait la collecte des biodéchets des restaurants et des métiers de bouche. Dès la première année, 20 tonnes de biodéchets ont été collectés, une partie compostable et l’autre minérale, coquilles de moules et d’huîtres. Le directeur de camping s’équipe alors d’un broyeur de coquillages. Mais l’objectif initial était de les remettre dans l’océan pour combler le déficit de sable en bordure de littoral, notamment. Une idée qui pourrait se concrétiser à l’avenir.
Du compost pour les plantations
Une prise de conscience et une démarche qui le mènent à se former, d’abord comme référent de site, puis guide composteur. Aujourd’hui, Pascal Saurais est maître composteur. Un savoir qu’il applique dans son camping. À l’arrivée, on se voit distribuer un bio-seau de 5 litres dans lequel on met nos épluchures et tous les déchets organiques qui peuvent être compostés. Près de la réception, deux bacs nous attendent. Un où l’on entrepose le compost et un autre où est stocké du broyat de bois, qui sert à recouvrir les éléments azotés afin d’éviter la prolifération bactérienne et les mauvaises odeurs.
On mélange ensuite avec une vrille, un brass compost. Une fois le bac plein, Pascal le transfère un peu plus loin, où il va entrer en maturation pendant six mois. Un compost utilisé pour les plantations du camping. En bord de mer, les sols sont très sablonneux, très secs. Ils donnent peu d’éléments nutritifs aux plantes. Alors, un petit coup de pouce en hiver est le bienvenu.
Autre démarche engagée, celle d’une restauration snack et d’une épicerie totalement bio. Ce qui facilite aussi l’adhésion des clients au compostage. De l’épicerie bio au compost, en passant par l’assiette. C’est tout naturellement que les vacanciers déposent leurs épluchures dans le bac de compost.
Le camping Le Royannais, c’est aussi une démarche sociale, avec l’envie de proposer des tarifs accessibles, lesquels n’ont d’ailleurs pas bougé depuis dix ans pour les cyclotouristes. Une volonté d’encourager et de récompenser ceux dont l’empreinte carbone est minime. L’infrastructure est située à 200 mètres de la Vélodyssée, un axe cyclotouristique important, qui part de Bretagne et longe l’Atlantique jusqu’au Pays basque. Une petite halte bienveillante attend ici les courageux, où ils pourront acheter des produits en vrac à l’épicerie bio. Et donc ne pas trop se charger avant de repartir pédaler.
Trouver une inspiration
Depuis huit ans, le camping propose aussi des stages et cours de yoga sous une yourte. On pourra prendre un cours sur la plage quand il fait beau ou méditer le soir au chaud. Un équipement qui permet aussi d’abriter des animations, jeux, quiz sur le thème de l’environnement, notamment à destination des enfants.
“J’essaie de faire passer des vacances heureuses aux gens, mais avec des plaisirs simples, pour qu’ils retrouvent le sens du contact, de l’échange, tout en conservant des valeurs environnementales, explique Pascal Saurais. Tous les ans, on fait de belles rencontres. On conserve des clients pendant des années, des gens qui ont trouvé ici une inspiration, quelque chose de particulier. C’est une grande satisfaction, c’est un encouragement permanent.”