Après leur première ferme aquaponique urbaine de 1 000 m² à Lormont, en Gironde, créée en 2019, les cinq fondateurs des Nouvelles Fermes – Laura Gaury, Thomas Boisserie, Clément Follin Arbelet, Paul Morel et Edouard Wautier – ont visé plus grand. Ils en ont implanté une seconde de 5 000 m² au printemps dernier, dans le même département. Cette superficie de grande en envergure fait d’elle l’une des plus grandes fermes aquaponiques urbaines d’Europe. Au total, une trentaine de personnes travaillent dans cette entreprise de l’économie sociale et solidaire.
Si les cinq amis se sont lancés dans cette aventure, impulsée par Thomas, en remettant cette méthode de culture ancestrale au goût du jour, c’est parce que tous sont sensibles à un mode de culture écologique, durable et qui consomme peu d’énergie. Ils ont donc créé tout un écosystème sous serre. « On élève des poissons dans un endroit dédié, et on fait aussi du maraichage. Ces deux entités vont communiquer. C’est-à-dire que l’on va récupérer les déjections des poissons à travers l’eau qui vont se transformer en nutriments pour les plantes. Les racines vont les absorber et en même temps nettoyer l’eau qui va être renvoyée aux poissons », détaille Laura Gaury.
Un écosystème bien rodé
À l’entrée du site, la partie piscicole est installée. Il s’agit d’un endroit fermé, ombragé dans lequel des truites arc-en-ciel sont élevées dans un grand bassin à 17 °C. Les conditions naturelles d’élevage y ont été recréées. Les poissons sont nourris avec des granulés fabriqués en France. Ils sont à base de farine de poissons et de légumineuses, car la truite est un poisson carnivore. À quelques mètres, séparé par une porte coulissante, se situe l’espace d’environ 3 500 m² pour la culture des fruits, légumes, épices et aromates. « On fait du semi jusqu’à la récolte. On plante les graines dans les mottes de terre que l’on transfère sur des radeaux flottants », explique la cofondatrice.
Tomate, salade, poireau, aubergine, oseille, ciboulette… Toutes les productions sont bio. La saisonnalité est respectée. Quant au goût des fruits et légumes, il reste inchangé. Par ailleurs, dans cette culture aquacole, les fleurs ne sont pas lésées. « Elles s’inscrivent dans une stratégie de lutte biologique. On utilise des produits phytosanitaires de synthèse, souligne Laura. On fait du purin d’ail et d’orties pour pouvoir se prémunir de certains ravageurs et de champignons. Notre volonté est de faire revenir des insectes qui vont lutter contre d’autres, et d’attirer des insectes pollinisateurs. On va aussi les valoriser comme fleurs comestibles et les vendre auprès des restaurateurs. »
Les avantages de l’aquaponie
En outre, quand on aborde les avantages de ce mode de culture, pour Laura Gaury, c’est avant tout l’économie d’eau. « Dans cette serre, on économise la production de cinq piscines olympiques pour produire la même quantité qu’en pleine terre. On produit 60 tonnes des légumes chaque année et 15 tonnes de truite avec 90% moins d’eau qu’en culture conventionnelle. Ce sont des grosses quantités de production sur une petite surface. Puis, l’eau qui circule dans le système est toujours la même. On peut en rajouter un peu parce qu’il y a de l’évaporation. »
Tout ce travail agricole et aquacole est destiné à la vente auprès des consommateurs. L’emplacement des fermes aquaponiques en zone urbaine n’est pas un hasard. « C’est pour être au plus près des villes et y réinstaller l’agriculture pour réduire l’impact carbone des légumes et donner du sens. On veut attirer un public qui n’est pas forcément toujours au fait de ce qui se passe en agriculture et faire découvrir l’aquaponie. » Les productions des Nouvelles Fermes sont vendues en grande distribution dans un rayon de 20 km, mais aussi en vente directe.
À savoir, des visites pédagogiques sont organisées sur le site de Lormont.