Un an après, les stigmates des incendies ravageurs sont toujours visibles en Gironde. L’été dernier, près de 30 000 hectares de forêt ont pris feu. Jusqu’à 3 000 pompiers avaient été réquisitionnés, certains venant d’autres pays européens en renfort. Les communes de La Teste-de-Buch, Landiras, Saint-Magne, Saumos et Arès avaient particulièrement été touchées. Les secours avaient pris la décision d’évacuer en prévention 50 000 personnes. Le commandant Matthieu Jomain du SDIS 33 (Service Départemental d’Incendie et de Secours) nous explique les mesures prises depuis ces événements.
AirZen Radio. Par rapport à l’an dernier, quelle est la situation actuelle en Gironde ?
Matthieu Jomain. Sur le plan météorologique, c’est différent par rapport à ce que l’on a connu en 2022. Les conditions climatiques sont favorables en termes d’humidité. Depuis le début de l’année, l’état de la végétation est beaucoup moins préoccupant. On croise les doigts. Pour l’instant, nous n’avons pas connu de vagues de canicule par rapport à l’an dernier, où elles s’étaient succédées. Il y avait eu une déshydratation avancée de la flore dès le printemps. Ça avait malheureusement donné du combustible pour tout départ de feu.
Là, en 2023, les conditions météo sont plus clémentes, même si l’état des nappes phréatiques est préoccupant et que la tendance et générale est plutôt à l’accentuation de la sécheresse sur tout le territoire national.
Quelles sont les mesures que vous avez prises par rapport à l’an dernier ?
Dans notre culture, le retour d’expérience fait partie intégrante du mode opératoire. C’est-à-dire que, l’année dernière, nous avons été confrontés à une situation inédite. Alors, nous avons dû faire preuve d’inventivité et remettre, par exemple, au goût du jour des anciennes techniques comme les « coupes tactiques ». Puis, on a engagé tout un processus de remise en l’état du matériel puisque 40% du parc camions citernes feux de forêt avait été endommagé. Nous avions aussi perdu trois camions de lutte et quelques camions de liaison.
Aussi, on a mis en place des groupes d’interventions de feux de forêt. Ça implique le déploiement de véhicules et matériaux au cœur du massif forestier à des points stratégiques. Ils viennent en renfort des effectifs traditionnels lorsque le risque feux de forêt est classé au niveau médian.
Justement, quels sont vos conseils sur les bons gestes et comportements à adopter ?
Déjà, il faut avoir à l’esprit que près de neuf feux sur dix sont d’origine humaine. C’est dans ce cas que le gouvernement a mis en place la Météo des forêts. L’idée est de sensibiliser le citoyen sur l’état de dangerosité du massif forestier, tout en lui indiquant les bonnes pratiques et le comportement à adopter pour éviter les sinistres dans le milieu naturel. Donc, le premier conseil est de suivre la réglementation en matière d’accessibilité. Si un site est interdit en raison des conditions climatiques, eh bien, on diffère ses balades, ses déplacements. Pareil, pour les activités professionnelles. Tout le monde doit adapter sa posture et contribuer à la préservation du milieu forestier.
Puis, le message que l’on répète chaque année : ne pas jeter son mégot de cigarette. Ne pas faire de barbecue en forêt ou à la plage. Il faut garder en tête qu’un feu ne démarre jamais seul. Il démarre généralement de la main de l’homme.
Comment fonctionne cette Météo des forêts ?
C’est une cousine de la Météo des plages (rires). Elle est liée aux conditions météorologiques, à la manière dont le climat va impacter la forêt. Ce sont des données accessibles au grand public. Cet outil est facile. C’est une carte qui fonctionne avec quatre codes couleurs. Il s’agit d’un partenariat essentiellement entre le gouvernement et Météo France, qui travaille de concert avec des acteurs engagés dans la préservation des massifs forestiers.