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Gironde : Noémie De Mul est doula de fin de vie itinérante

Depuis deux ans, cette Girondine exerce ce métier peu connu. Prendre ce chemin de vie était une évidence pour elle. Elle nous raconte son parcours de doula de fin de vie.
Noémie De Mul doula fin de vie
© Photo Noémie De Mul

C’est à Cenon, en Gironde, que vit Noémie De Mul. A 33 ans, la jeune naturopathe exerce en parallèle une profession peu connue : doula de fin de vie. Elle est ainsi en lien avec des personnes en fin de vie, des aidants ainsi que des personnes qui vivent un deuil, quel qu’il soit. Elle leur apporte ainsi une aide dans son cabinet qu’elle a installé chez elle, en visio, et va les rencontrer à l’aide de son camion aménagé. L’accompagnante partage son quotidien sur son compte Instagram NoéNaturo.

AirZen Radio. Qu’est-ce qu’une doula de fin de vie ?

Noémie De Mul. J’ai tendance à dire qu’une doula, c’est une facilitante. L’idée est donc d’être présente dans des moments de vie qui sont quand même assez intenses. C’est vrai qu’on a tendance à connaître davantage les doulas de naissance. Celles de fin de fin de vie vont être là pour le deuil, pour accompagner les aidants. L’idée est vraiment de faire le lien entre tous les acteurs d’une fin de vie et d’apporter le plus de douceur, de sécurité, de faire en sorte que ce moment qui, justement, est assez intense, soit vécu de la façon la plus douce possible. J’insiste autant pour la personne en fin de vie que pour les personnes qui vont être autour. C’est important qu’elle sente que ses proches sont sereins.

Depuis quand exercez-vous ce métier ?

Officiellement, ça fait un peu moins de deux ans. Officieusement, j’ai envie de répondre depuis toujours, quelque part. La mort a toujours été présente dans ma vie. J’ai effectivement de nombreuses personnes autour de moi qui sont décédées et j’ai toujours été celle qu’on vient voir quand, justement, il se passe quelque chose comme ça ou quand on traverse des moments sont difficiles.

Comment en êtes-vous venue à devenir doula?

J’avais une idée vraiment différente de la mort et de la façon dont on pouvait l’accompagner. Très longtemps, je me suis dit qu’elle ne pouvait pas exister. Et puis, j’ai traversé beaucoup de choses, notamment le décès de mon épouse. Je l’ai accompagnée.

Et dans le cadre de mon cursus de naturopathe, j’ai fait un mémoire sur les soins palliatifs et la naturopathie. Puis j’ai commencé à chercher sur Google “soins palliatifs et naturopathie”, sans grande conviction. Finalement, je suis tombée sur le site d’une femme que je trouve assez exceptionnelle. C’est auprès d’elle que je me suis formée. Elle a créé ce qu’on appelle l’Institut deuil et doula de fin de vie. J’ai lu son site. Et là, je me suis dit “c’est ce que je veux faire”. Ca reprenait tout ce que je faisais déjà, mais de manière officielle. Tout en étant porteur d’une voix. C’est-à-dire que ce n’est pas juste un métier, c’est une vision de la vie, une vision de l’être humain.

Cette formation est-elle reconnue ?

Ca reste toujours un sujet frileux. C’est un peu comme la naturopathie. On est un peu en retard en France par rapport à ça. Donc effectivement, non, elle n’est pas, elle n’est pas cadrée de ce côté-là. C’est bien tout le problème d’ailleurs. Parce que ce qu’on aimerait éviter les dérives et faire en sorte que les choses restent bien bordées. Ce processus est quand même en cours. Je sais que la formation que j’ai faite est en instance d’être reliée au Qualiopi (une certification qualité attribuée accordée aux organismes de formation qui remplissent les conditions fixées par le ministère du Travail, NDLR). Il y a donc des choses qui sont en train de se développer. Mais c’est un sujet frileux, qui prend donc du temps.

Comment se déroule cette formation ?

Elle se déroule sur un an, en présentiel ou à distance. Je n’ai aucun problème pour dire que cette formation, finalement, c’est une façon d’apprendre des outils. C’est une façon de pouvoir aborder tous les deuils, quels qu’ils soient. C’est aussi une thérapie parce qu’on ne peut pas être une bonne doula de fin de vie si on n’a pas soi-même travaillé sur ses deuils, sur son rapport à la mort, à celle des autres et à la sienne.

Il y a, entre autres, beaucoup de mises en pratique, d’exercices, même si je n’aime pas ce terme, qu’on fait à plusieurs où on pose des questions assez intenses, assez intimes aussi, qui servent ensuite lors des consultations. On va reproduire ces exercices avec les gens qu’on suit. Mais ce travail amène aussi beaucoup d’outils et de réflexion.

Quel genre de réflexion ?

Le sujet du deuil est un peu réducteur. En tout cas, en France, on associe le deuil au décès d’un être vivant, d’humain, de chien, de chat, de lapin… Mais il n’y a pas que ça. Il y a le deuil d’une maison, d’une relation, d’un projet, le deuil de soi aussi qui est un sujet très peu abordé. Il y a le deuil de son corps, si on a un handicap. En ce moment, j’accompagne une femme qui est en train de perdre l’ouïe. Donc oui, elle ne va pas mourir, mais c’est quand même une autre vie qu’elle va embrasser. Tout ça constituent des deuils et ce sont des choses qui ne sont pas toujours abordées dans la société. Cela nous pousse aussi dans nos réflexions et nous donne des outils pour accompagner ces personnes-là.

Quels sont les outils que vous avez acquis lors de cette formation ?

Il y a d’abord les outils qu’on nous apprend pendant la formation. Puis, il y a les outils que j’avais déjà moi ou que j’ai continué d’acquérir au fur et à mesure du temps. Parce qu’en étant naturopathe, le but est d’avoir une caisse à outils. Donc, il y a des outils très pratico-pratiques – des huiles essentielles, des plantes, des fleurs de Bach. Il y a beaucoup de choses de cet ordre-là, car c’est possible d’atténuer l’intensité des émotions d’un deuil. On n’enlèvera jamais l’émotionnel et ce n’est pas le but.

En revanche, on peut faire en sorte que ce soit un peu plus doux. Souvent, les gens d’ailleurs ont cette croyance qu’on est condamné à souffrir. Mais il est possible de vivre avec plus de douceur. Puis, il y a des exercices comme celui de la chaise vide qui permet de verbaliser des choses à la personne qui n’est plus là, et ainsi drainer ce qui n’a pas été dit.

Comment se déroulent les suivis ? A-t-il lieu sur plusieurs séances ?

Aucun suivi ne se ressemble. Parfois, une séance suffit, car les gens ont besoin dans l’instant de déposer ce qu’ils traversent, ont traversé, et d’être entendus. Et puis, il y a d’autres personnes qui ont besoin d’avoir un espace sécurisant et de rendez-vous réguliers. En ce qui me concerne, j’aime être disponible. Donc les gens savent que, de toute façon, j’ai des créneaux d’urgence. Pour la fin de vie, c’est un peu pareil. Il peut y avoir des personnes qui me demandent des rendez-vous, qui ne sont pas en fin de vie strict, c’est-à-dire qu’elles sont en palliatif ou ont des pathologies qui font que, à un moment donné, elles savent que les choses peuvent déraper. Elles ont besoin de parler d’elles, de leur mort éventuelle, de leurs directives anticipées, de toutes ces choses-là. Les rendez-vous vont donc être plus ou moins réguliers, dans ces cas de fin de vie stricte, d’où le camion.

Selon vous, pourquoi les gens qui vous consultent ont recours à vos services plutôt qu’à ceux d’un spécialiste, comme un thérapeute ?

Souvent, ils ont tendance à dire que je dégage effectivement quelque chose de rassurant. Donc les gens qui me voient, qui me suivent sur les réseaux viennent aussi pour ça, parce que j’ai quelque chose, d’après eux, de très doux. J’aime aussi à dire aussi que j’ai 33 ans et déjà eu une vie assez intense. Dernièrement, une personne que j’accompagne m’a dit : « C’est fou de voir à quel point ta légitimité part de tout ce que tu as pu traverser ». Car effectivement, j’ai déjà expérimenté de nombreux deuils. C’est ce qui fait qu’ils se sentent entendus, ils savent que je sais ce qu’ils vivent.

J’aime beaucoup les psychologues, les psychiatres. Je trouve qu’ils sont très importants. La santé mentale en général. Pour moi, c’est fondamental qu’on puisse avoir de tout sur les professionnels. C’est vrai aussi que quand il est question du deuil, certains me disent qu’ils ne se sentent pas complètement compris par quelqu’un qui n’a pas déjà vécu ça.

Qu’est-ce que vous apporte ce métier ?

Photo Noémie De Mul

Ça me donne une vision de la vie qui est assez intense. Déjà, de vivre en étant en contact avec la mort de manière régulière, ça permet de se rendre compte à quel point la vie c’est vachement bien et de pouvoir en profiter vraiment pleinement. Les gens pensent que quand on accompagne la fin de vie, c’est un peu glauque. Mais ce sont des moments hyper lumineux. Il y a beaucoup de joie, il y a beaucoup d’amour. C’est un vrai cadeau.

Pourquoi avez-vous fait le choix de l’itinérance ?

J’avais à cœur de pouvoir me déplacer, parce que c’est un mode de vie que j’aime. C’était important de me rendre disponible et de pouvoir aller au plus près des personnes qui sont dans le besoin. C’est ce que je propose et que j’appelle une mise à disposition. C’est-à-dire que je viens avec mon camion. Je me gare devant chez les gens. Puis je reste trois jours et trois nuits et je leur dis que “je suis à disposition”. Ça veut dire qu’ils m’appellent n’importe quand, sur les trois jours et sur les trois nuits, j’ai juste à ouvrir la porte de mon camion et je suis là. Je trouve ça chouette parce que ça donne lieu à une conversation et ça leur permet de poser des questions et donc un échange. Ça permet aussi des rencontres. Le but est de pouvoir en faire un sujet normal car c’est un sujet normal et je suis pleinement convaincue que plus on sera à l’aise avec les émotions, le deuil et la mort, plus les choses seront douces.

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