Les manèges, les fêtes foraines, il connaît depuis qu’il est tout petit. Jérôme Durieux est issu d’une famille de forains. Il l’accompagne sur les routes jusqu’à ses 22 ans et la fin de ses études, pour mener une autre carrière. Jusqu’à il y a deux ans…
“J’avais l’idée depuis quelques années de créer un parc d’attraction”, raconte-t-il. Mais en Dordogne, où il vit, il ne trouve pas de terrain adéquate et le projet ne voit pas le jour. Et puis apparaît cette opportunité, celle d’un parc à thème alors vieillissant, Kid Parc, île d’aventures, dont l’ancien propriétaire veut se séparer. Jérôme s’installe alors en Gironde avec sa famille.
“Quand je suis arrivé, il y avait pas mal de travail, raconte Jérôme Durieux. Après deux ans, on arrive à la fin de la rénovation de toutes les attractions. Maintenant, on va pouvoir attaquer la décoration, que ce soit vraiment féérique, que l’on entre vraiment dans le thème des pirates.” Le thème était déjà là, et ce n’était pas pour déplaire à Jérôme, d’autant plus que peu de parcs en France peuvent se vanter d’une telle proposition.
Une histoire de famille
Un véritable challenge, d’autant plus que la quasi-totalité de la rénovation, la peinture, la transformation, il l’a faite lui-même, ce qui lui a permis de pouvoir investir dans de nouveaux manèges chaque année depuis la reprise. C’est ainsi que, depuis quelques jours, on peut y découvrir un nouveau bateau pirate à l’entrée du parc. “Et l’année prochaine, on espère un autre grand huit. Il faut être créatif, réinventer en permanence, on n’a pas le choix parce que les gens se lassent de tout, donc il leur faut un renouveau, pour le bien du parc et pour soi-même. Innover, agrandir, faire de nouvelles propositions, c’est quand même plus sympathique.”
Beaucoup de travail à gérer, donc, mais Jérôme est soutenu et assisté par sa famille. Tout le monde s’est impliqué à fond dans le projet. Sa femme et leurs enfants travaillent tous sur le site, en caisse, au nettoyage ou à la buvette. Le petit dernier, lui, va à l’école. “Mon fils a 9 ans. Il profite tous les jours du parc. Les mercredis et les week-ends, il est content de réinvestir les lieux. On ne le voit pas avant la fermeture, à 18h30. Il a plein de copains, tous les jours il s’en fait des nouveaux”.
Une immersion permanente qui lui permet de revenir avec une mine d’informations. “Il nous rapporte les commentaires des gens. On écoute beaucoup ce qu’il dit. Ça fait avancer. Nous, on est pris à droite à gauche, mais lui vit avec les autres enfants.”
Le travail ne s’arrête jamais
Si Jérôme n’est pas encore en train de peaufiner un décor ou de vérifier une attraction une fois le parc fermé, il est à l’étranger à réceptionner un nouveau manège ou en train de visiter d’autres structures. En fin de saison, pas plus de répit. Les manèges sont mis à l’abri des intempéries, révisés, démontés. “Ça permet de faire une mécanique profonde.”
Un entretien primordial pour une sécurité optimale. “Aujourd’hui, si on a des contrôleurs qui passent, on n’a aucune observation.” Jérôme Durieux est un bourreau de travail consciencieux : “On a la vie des gens entre nos mains.” L’occasion de rappeler aussi au public de bien respecter les règles. Car c’est la plupart du temps la négligence des visiteurs qui peut créer des accidents, ce qui a poussé le gérant à installer 30 caméras de surveillance pour assurer la sécurité du public, avec une personne dédiée qui veille en permanence.
“Quand on se lance, on ne pense pas à l’envers du décor. C’est très prenant, mais c’est aussi tellement gratifiant, parce qu’on touche à plein de corps de métier. Un jour, on fait de la maçonnerie, le lendemain, on touche à l’électricité, à la peinture… J’adore mon métier !”.
Des idées plein la tête
Lorsque la saison s’achèvera, que Jérôme Durieux tirera le rideau jusqu’à l’année prochaine, de nombreux nouveaux défis l’attendront : rénovation de la signalétique ou encore peaufinage du thème Pirates avec l’installation de palmiers, d’un coin sable avec des chaises longues, tout en bambou, pour que les parents puissent se détendre. “On va mettre des automates, il y aura un village au travers duquel on pourra passer avec un petit train”, un parcours pensé et réalisé par la société Povigna, qui travaille sur la décoration du carnaval de Nice, et certains spectacles dans de grandes attractions en Chine. Ici, elle a déjà réalisé l’entrée principale de Kid Parc, notamment.
“Les gens nous encouragent beaucoup. On a triplé le nombre d’abonnés depuis deux ans. On a fidélisé des vacanciers. Ils viennent passer dix jours de vacances dans le coin, dont huit dans le parc. On va devenir une étape essentielle quand on vient sur le Bassin d’Arcachon.”