“On est partis de rien, simplement de l’envie de faire quelque chose. On est allés frapper aux portes, on a tenté le coup et on ne regrette rien”, s’anime Patricia Groussin, cofondatrice du festival la Reine des reynettes, avec Jérôme Mangold. “On fait parler de la cause, on fait connaitre une association, des artistes, on fait se rencontrer des gens. Pour nous, on crée du bonheur. Le principe, c’est que des femmes vont pouvoir être tatouées après un cancer du sein grâce à notre action. Or, on sait comment cette maladie est difficile à vivre, autant pour les femmes que pour leur entourage. La solidarité, c’est vraiment ce qui qualifie cet évènement”.
Si dans leurs métiers respectifs, les deux acolytes sont habitués à gérer et organiser, mettre sur pied un festival de musique ne faisait pas partie de leurs compétences, jusqu’à un peu plus d’un an. Un jour, alors qu’ils échangent sur leurs rêves et envies, ils lancent l’idée un peu folle de monter de bout en bout une soirée musicale à visée solidaire. Très vite, le nom est trouvé et les premiers artistes sont démarchés.
“Nous sommes tous les deux musiciens et nous nous rendons à de nombreux festivals dans la région. On rencontre pas mal d’artistes, donc on a commencé à les solliciter, tout simplement, parfois aussi via internet”. Comme ce trompettiste du Cirque du Soleil dont ils entendent les notes mélodieuses lors d’une promenade. Pour la cause, tous acceptent. Ceux qui n’ont pas d’autres obligations en tout cas. Tous les musiciens professionnels disent oui gracieusement, sans hésiter.
Un travail de chaque instant
Le plus facile et agréable est fait. Seulement, il faut une salle et le duo n’a aucun moyen financier pour soutenir son projet. Il y va au culot et demande à leur ville de résidence, Bruges en Gironde, qui accepte de mettre à disposition un lieu d’un millier de places.
Reste la dernière partie, celle du sponsoring, la plus difficile pour Patricia Groussin. “Il faut aller voir les entreprises, se déplacer, marcher dans les rues, aller sonner. Et là, on essuie beaucoup plus de refus. Mais on noue aussi quelques accords”. Cinquante euros de la part d’un magasin de lingerie touché par la cause de la prévention du cancer du sein, des repas pour les artistes offerts par un restaurant. “Tout fonctionne avec une très grande solidarité et l’argent qu’on a pu récolter nous a permis de payer la sécurité et les droits d’auteurs, du matériel ou des choses obligatoires sur lesquelles on ne peut pas rogner”, précise la cofondatrice.
Il faut penser à tout et dans un temps imparti. Si l’idée leur est venue au mois de mai, les organisateurs ont dû travailler d’arrache-pied tout l’été pour que tout soit fin prêt à la rentrée. “Les derniers jours, tout doit être calé, les artistes, les ingénieurs du son, les food trucks réservés. Parfois, il y a des choses auxquelles on ne pense pas, des trucs tout bêtes comme le papier toilette, les barrières. Organiser un festival, c’est énormément de détails, sur tous les sujets différents”.
Le succès au rendez-vous
Au fur et à mesure que la date se rapproche, le stress monte. “Un mois après la mise en prévente des billets d’entrée, on avait vendu 5 places”, se remémore Patricia. “On continuait à mettre des affiches partout, à amplifier la communication sur les réseaux sociaux et deux semaines avant le festival, on a commencé à voir les ventes décoller : 50, puis 100, puis 200 billets et le jour même, on a dû vendre 100 places sur internet et on a eu effectivement beaucoup de gens qui sont arrivés sans réservation. Donc, on était rassurés. On pouvait respirer !”
Comme tous les festivals, quelques couacs ont fini de jouer avec les nerfs des deux organisateurs. Des balances plus longues que prévu pour les musiciens, des prises qui ne fonctionnent pas dans la salle et une soirée qui commence en retard. Est-ce qu’on aura assez à manger ? Est-ce que les gens seront contents ? Beaucoup de questions qui trouveront au final une réponse affirmative. La soirée est un succès, le public est au rendez-vous, les artistes sont ravis et des bénéfices importants sont réalisés grâce au prix des entrées reversé à l’association Sœurs d’encre, qui tatoue les femmes après un cancer du sein. De bonnes nouvelles qui auront fini de balayer les craintes de Jérôme et Patricia. “Je pense que ça a fonctionné parce qu’on a aussi eu de super bénévoles ! Mais à la fin, on était épuisés, surtout que le lendemain matin, à 6 heures, on y retournait pour faire le ménage”, s’amuse-t-elle.
Motivés comme jamais pour la 2e édition
Une première édition pleine de rebondissements, mais un succès qui a assurément donné envie au duo de récidiver. Cette année, toujours aussi motivés, ils repartent pour un tour avec une nouvelle programmation, 6 groupes pour 9 heures de musique, des stands d’artistes, associatifs, d’animations pour les enfants et toujours une restauration variée.
Petite nouveauté, la présence d’une ingénieure du son. “Ça me tient à cœur que les femmes soient présentes”, précise Patricia Groussin. “Dans la musique, il y a beaucoup d’hommes, à tous les postes. Voir qu’on peut être ingénieure du son, peut-être que ça donnera envie à des petites filles et des femmes de se lancer. Nous avons aussi deux photographes professionnelles cette année, presque une femme dans chacun des groupes sur scène, dans la salle et parmi les bénévoles bien entendu. Elles ont une place particulière, parce que le cancer du sein touche les femmes, mais aussi leur entourage”.
Le festival solidaire de musique en salle la Reine des reynettes se déroulera le samedi 26 octobre à la salle Fongravey de Blanquefort en Gironde à partir de 17 heures, dans le cadre d’Octobre rose, pour sensibiliser à la prévention du cancer du sein. Le prix des entrées (12 euros sur place, 10 euros en prévente) sera reversé à l’association Sœurs d’encre.