Il y a 200 ans, naissait Rosa Bonheur, peintre du XIXe siècle qui a marqué son époque par sa personnalité, son style, son travail novateur où les animaux sont omniprésents.
Pour rendre hommage à cette artiste, une rétrospective est organisée au Musée des Beaux-Arts de Bordeaux, dans sa ville natale, jusqu’au 18 septembre. Ce projet d’exposition est commun avec le Musée d’Orsay à Paris, prochain lieu de l’exposition à compter du 18 octobre.
Cette exposition était nécessaire pour Sandra Buratti-Hasan, directrice adjointe du musée bordelais et commissaire d’exposition car « Rosa Bonheur est une artiste qu’on a mal vue, peu vue et même oubliée. Elle nous propose un regard complétement différent sur les animaux, sur le monde. C’est une personnalité formidable qu’on a envie de connaître ».
Une passion animale
Issue d’une famille d’artistes, la peintre cultive cet amour pour les animaux dès l’enfance. Elle a décidé de se dédier à eux en représentant leur puissance, leur liberté, leur force et dénonce en quelque sorte les mauvais traitements. À travers ses œuvres, Rosa Bonheur nous invite à nous questionner sur le statut des humains dans le monde des vivants et met finalement les animaux sur le même plan en les choisissant comme sujet.
Dans son approche, « la peintre avait cette volonté de maitriser l’animal sous toutes ses formes. Elle adoptera même une attitude scientifique car elle va étudier l’anatomie, la myologie, l’ostéologie ; et va jusqu’à pratiquer la dissection, détaille Sandra Buratti-Hasan.
Les premières œuvres de Rosa Bonheur dépeignent la ruralité des animaux dans le travail. Plus tard, elle s’intéresse davantage aux animaux sauvages et de la forêt, comme le cerf. Le château de By, situé en lisière de la forêt de Fontainebleau, devenu un musée, lui permettra d’admirer cette nature. S’il fallait décrire son style : « Le premier mot qui nous vient, c’est réaliste. C’est vrai, parce qu’il y a une volonté d’être au plus proche de la réalité. Mais c’est beaucoup plus que ça, déclare la commissaire d’exposition. Il y a une grande richesse dans ces tableaux, avec une complexité, avec une veine romantique. »
Artiste phare, « Rosa Bonheur a envie de devenir la meilleure artiste possible, qui veut gagner sa vie au moyen de son pinceau, raconte Sandra Buratti-Hasan. Elle est d’une liberté incroyable et décide de ne pas avoir d’enfant. Elle s’installe avec Nathalie Micas, sa compagne jusqu’à sa mort. La peintre animalière est intéressée par la question féminine. Elle souhaite que les femmes n’aient pas de barrière, pas de limite et qu’il n’y ait pas de différence de traitement avec les hommes ».
Le succès de Rosa Bonheur
« Il y a eu des femmes artistes au XIXe siècle, mais qui ont obtenu un tel succès : non. C’est absolument exceptionnel et unique, s’exclame la directrice adjointe du musée. Elle est devenue une star, elle est adulée, parfois il y avait des comités d’accueil avec des banderoles. Son œuvre parlait à l’époque, il y a cette idée du combat, du défi de cette femme petite qui faisant des formats monumentaux, qui choisissait des sujets d’hommes. Forcément, ça intriguait. »
Il y a environ 200 œuvres au Musée des Beaux-Arts de Bordeaux à découvrir jusqu’au 18 septembre. Elles seront visibles à partir du 18 octobre au Musée d’Orsay à Paris.