Ce n’est plus un mythe. La surconsommation d’écrans existe et, aujourd’hui, les chiffres sont pharamineux. Une pratique à risque de cyberdépendance concerne 28% des Français, soit 14,5 millions d’adultes, selon une étude de 2022 d’Odoxa. Du côté des étudiants, deux jeunes sur cinq âgés de 16 à 30 ans passent plus de six heures par jour devant un écran.
“Malgré l’intérêt porté dans le cursus universitaire, les étudiants sont distraits par la moindre notification sur leur téléphone”, regrette Géraldine. Cet élément perturbateur pour la concentration amène des troubles cognitifs. Se connecter sur son mobile “permettrait justement de se déconnecter de la réalité et de focaliser son cerveau sur autre chose de plus plaisant”, explique l’addictologue.
Une addiction comme les autres
Géraldine Vandersnickt, addictologue à Bordeaux, voit passer dans son cabinet un bon nombre de jeunes addicts aux écrans. Pour rappel, selon la Mildeca (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives), l’addiction est une pathologie cérébrale définie par une dépendance à une substance ou une activité, avec des conséquences graves.
“Être accro aux écrans, c’est pareil que pour les autres drogues, car tout se passe dans les mêmes aires cérébrales et la personne ne va pas se rendre compte de son addiction”, explique-t-elle. Consulter un addictologue devient nécessaire quand “on constate un infléchissement scolaire, une humeur taciturne ou que le comportement change”, explique la spécialiste.
Trouver les bonnes solutions
Géraldine Vandersnickt appelle ainsi des parents et des éducateurs dans les milieux scolaires et universitaires à la vigilance. Pour cette professionnelle, il est également important que les règles en matière d’écrans soient les mêmes pour tout le monde : “Un jeune va se construire sur ce qu’on lui montre comme modèle parental et non pas sur ce qu’on lui dit […] Commencer par bannir les écrans des moments familiaux et vous serez sur la bonne voie”, ajoute-t-elle.
Si cette addiction n’est pas soignée ou diagnostiquée, les conséquences à long terme seront lourdes pour les étudiants. “Cette dépendance peut favoriser l’anxiété, le manque d’investissement scolaire ou professionnel, la dépression, ou encore le burn-out”, indique-t-elle.
Soigner sa dépendance peut consister en quelques gestes simples : “Compter le nombre d’heures que nous passons sur les écrans, ne pas manger devant les écrans, favoriser d’autres activités stimulant le cerveau comme l’art ou le sport et mettre des barrières sur les horaires”, conseille-t-elle.
Si ces recommandations n’ont pas de répercussion sur le comportement, Géraldine Vandersnickt suggère une consultation chez un addictologue. Cependant, la spécialiste préconise tout de même trois heures “d’écran loisir” par jour si l’étudiant ne travaille pas.