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Etudes : les maths et l’informatique, c’est aussi pour les filles !

Deux enseignants de l’Université de Bordeaux organisent chaque année une semaine découverte de ces filières à destination des jeunes filles des classes de troisième et seconde.
Etudes : l'informatique et les maths c'est aussi pour les filles !
© contrastwerkstatt / Adobe Stock
Journaliste

“Vous êtes capables. Bien plus que ce que vous imaginez !” C’est le message que veulent faire passer Chantal Menini et Marc Zeitoun, enseignants-chercheurs en mathématiques et informatique. “On trouve dommage qu’elles se privent de débouchés importants. On n’a aucun problème à caser nos étudiants dans ces métiers, avec des niveaux de rémunération intéressants. Et on a besoin de professionnels dans ces secteurs-là”, explique l’enseignante de mathématiques. 

“Une étude a montré que les start-up étaient plus rentables lorsqu’elles étaient montées, dans le domaine du numérique, par des filles, parce qu’elles étaient plus rentables”, poursuit Marc Zeitoun. Une observation qui casse l’idée que les filles sont moins capables que les garçons. D’où l’intérêt de rétablir une parité et d’avoir des profils plus variés. On manque de tous les cerveaux des filles, qui vont aller plutôt en biologie, en médecine, en sciences sociales…” 

Un manque de filles dans ces filières

Les faits sont là. Dans toutes les formations liées à ces disciplines à l’Université de Bordeaux, les garçons sont plus nombreux, à l’exception de la licence MIASH, mathématique informatique appliquée aux sciences humaines et sociales, car, comme son nom l’indique, il y a des sciences humaines et sociales, des branches réputées plus “féminines”. 

“L’idée n’est pas d’envoyer tout le monde en maths et informatique, mais bien de libérer les esprits et qu’elles fassent vraiment leurs choix, en âme et conscience”

“Au lycée, il y a déjà moins de filles que de garçons en spécialité mathématiques et encore moins en spécialité Numérique et sciences informatiques (NSI). Ça s’accentue nettement lorsqu’on bascule dans le supérieur”, note Chantal Menini.

Parmi celles qui auront choisi ces spécialités dès le lycée, un nombre non négligeable choisira ensuite, par exemple, la médecine, et plus rarement, l’informatique et les mathématiques. Trop rarement, pour ces enseignants. “L’idée n’est pas d’envoyer tout le monde en maths et informatique, mais bien de libérer les esprits et qu’elles fassent vraiment leurs choix, en âme et conscience” 

Elles réussissent pourtant mieux que les garçons 

Car, dès le départ, les dés sont pipés. “Selon une étude récente, cite Marc Zeitoun, les filles seraient moins poussées par leur famille à entreprendre des études dans l’informatique (33% d’entre elles, contre 60% pour les garçons)”. La proportion de filles dans ces filières serait de 20%, contre 80% de garçons. Un pourcentage similaire que l’on retrouve ensuite dans les entreprises et l’enseignement.

“Et pourtant, ce sont elles qui réussissent le mieux. Elles sont souvent en tête de leur promotion”. Les jeunes filles sont d’ailleurs plus nombreuses à faire des études supérieures (55%). Pire encore, les indicateurs locaux vont encore plus loin. “Nous avons récemment formé des profs pour la nouvelle spécialité informatique (NSI) et 95% de ces professionnels formés étaient des hommes”, raconte Marc Zeitoun. “Il n’y a pas de modèles féminins pour les jeunes filles au lycée qui leur montreraient que ce sont des disciplines pour elles”. 

“Il n’y a pas de modèles féminins pour les jeunes filles au lycée qui leur montreraient que ce sont des disciplines pour elles”

D’où l’idée d’une semaine de découverte, qui s’adresse aux jeunes filles des classes de troisième et seconde, à Bordeaux. Ce sont leurs enseignants qui les informent de son existence. Elles s’inscrivent alors, sur une semaine de vacances. La prochaine est programmée lors des vacances d’hiver 2023. A priori, donc, elles ont déjà une appétence pour ces matières.

Echanger avec ses paires 

“L’idée est de leur faire rencontrer des professionnelles et des jeunes femmes en licence ou plus, qui suivent ces filières-là, qui s’éclatent dans ces carrières, les encourager à aller dans cette voie et ne pas céder aux clichés, leur montrer qu’elles peuvent y arriver, que ce n’est pas une grosse erreur de se lancer dans cette orientation. On leur montre aussi des cursus qui ne sont pas linéaires, où il y a beaucoup de changements de direction pour leur montrer que ce n’est pas figé”, explique Marc Zeitoun. 

Il s’agit d’alterner des ateliers en petits groupes, et des temps de conférence et de speed meeting, où les collégiennes et lycéennes échangent avec des étudiantes qui présentent leur parcours, et avec des professionnelles. “Elles créent des liens entre elles, cela permet d’échanger, discuter, partager sur leurs craintes, leurs motivations…”, raconte Chantal Menini.

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