Et si méditer avait les mêmes vertus que les antidépresseurs sur les troubles de l’anxiété ? C’est en tout cas l’hypothèse validée par un récent essai clinique menée entre les États-Unis et la France.
L’étude portant sur les effets de la méditation a été conduite sur un échantillon de 276 adultes souffrant de troubles anxieux. Les résultats ont été dévoilés en novembre 2022 dans la prestigieuse revue scientifique américaine “JAMA Psychiatry“.
Une étude à haute valeur de preuve
Elle a été conduite conjointement par la Docteure Elizabeth A. Hoge du département de psychiatrie de l’Université de Georgetown (États-Unis) et le Professeur Eric Bui, psychiatre, chercheur à l’Université de Caen.
« Il s’agit d’une étude qui a un niveau de preuve. Elle est randomisée et en simple aveugle », explique le professeur. Cela signifie, d’une part, que les patients n’ont pas choisi le traitement reçu. Et, d’autre part, que les personnes qui mesuraient l’amélioration des symptômes ne connaissaient pas l’appartenance des patients à tel ou tel groupe.
Les personnes suivies ont donc été assignées à deux branches différentes. Pendant huit semaines, les premiers ont reçu une méditation de pleine conscience. Quand les seconds se sont vu administrer un traitement antidépresseur, en l’occurrence l’Escitalopram.
Deux traitements : la méditation et le médicament
Le programme de méditation de pleine conscience (MBSR) suivi par les patients de l’étude comprenait des cours hebdomadaires de deux heures et demie guidés par des instructeurs. Il était aussi demandé aux patients de pratiquer, seuls, 45 minutes d’exercices supplémentaires chaque jour.
Pour les patients traités par voie médicamenteuse, il leur a été administré une dose de 10 mg d’Escitalopram chaque jour, par voie orale. La dose a été portée à 20 mg par jour dès la deuxième semaine si le médicament était bien toléré. Le respect du traitement était mesuré par le comptage des pilules et le rapport du patient.
« Il s’agissait d’une étude de non-infériorité. Nous partions du postulat que la méditation de pleine conscience allait faire aussi bien que l’antidépresseur. On s’attendait à ce que les patients qui recevraient le médicament s’améliorent. Idem pour les patients suivant la pratique méditative. Et ce, dans les mêmes proportions », explique le Pr Eric Bui. Et c’est exactement ce qui a pu être mesuré.
Un espoir pour les patients souffrant de troubles anxieux et dépressifs
Cet essai clinique est la première étude qui établit scientifiquement que les résultats de la méditation de pleine conscience sont comparables à ceux de pharmacothérapie pour le traitement des troubles anxieux. « De plus, la méditation de pleine conscience est mieux tolérée, avec moins d’effets indésirables que la pharmacothérapie. »
La formation à la pleine conscience concentre l’attention sur le moment présent. Les individus s’entraînent à considérer les pensées et les sensations comme des phénomènes transitoires qui ne sont pas nécessairement le reflet de la réalité. Ce processus améliore la régulation des émotions et les patients deviennent moins réactifs aux pensées et aux sensations.
Selon le Professeur Bui, les résultats de cet essai clinique sont plus qu’encourageants pour les patients. D’une part, « même si les médicaments fonctionnent, certaines personnes ne supportent pas les effets secondaires. Deuxièmement, les médicaments ne « fonctionnent pas chez toutes les personnes ». Il ajoute en outre que, l’étude ayant été menée sur des patients américains, elle est une réelle opportunité pour un pays au système de santé fragile. « La méditation est plus facilement accessible qu’un suivi psychiatrique efficace là-bas », explique-t-il. Enfin, cela permet de proposer à beaucoup de personnes un traitement plus adapté et accessible.
Récemment, une autre étude de l’Université de Caen Normandie prouvait l’utilité de la méditation chez les personnes de 65 ans et plus. Elle aiderait à vivre en bonne santé plus longtemps en prévenant certaines formes de démences.