Jusqu’au 2 avril 2024, jour de sa mort, le Vénézuélien Juan Vicente Perez Mora, 114 ans, était l’homme le plus vieux du monde. C’est un Britannique, John Tinniswood, âgé de 111 ans, qui lui a succédé, selon le Guinness World Records. Chez les femmes, la doyenne de l’humanité encore en vie est espagnole. Elle s’appelle Maria Branyas Morera et a 117 ans.
Tous trois sont encore loin du record absolu détenu par la Française Jeanne Calment qui s’est éteinte, en 2009, à 122 ans.
Supercentenaire : quelles preuves ?
S’il est important d’attester l’âge des supercentenaires, c’est parce que, trop souvent, les preuves manquent. “Les certificats de naissance n’étaient pas obligatoires au siècle dernier. Il y avait parfois de l’exagération ou de la méconnaissance dans les âges”, explique Jean-Marie Robine, démographe, directeur de recherche à l’Inserm. C’est notamment lui qui a enquêté sur l’âge de Jeanne Calment. “La Ville d’Arles, où elle est née a vécu toute sa vie, avait conservé les registres de la fin des années 1870. Nous avions tout à disposition”, se souvient-il. Cette dernière, née en 1875, était issue d’une famille bourgeoise implantée depuis plusieurs générations dans les Bouches-du-Rhône.
“Nous avons retrouvé des cartes postales sur lesquelles nous la voyons apparaître.” Et puis, “le nec plus ultra, c’est de pouvoir confronter le supercentenaire de son vivant. De lui poser des questions suffisamment intimes pour s’assurer que seul lui peut répondre”, détaille le chercheur.
Jeanne Calment avait d’ailleurs suscité la controverse. Des chercheurs russes avaient en effet, il y a quelques années, dénoncé une supercherie. Ils estimaient que la fille de Jeanne Calment avait usurpé son identité. “Impossible”, selon Jean-Marie Robine, qui a rencontré la centenaire plus d’une trentaine de fois.
Des points communs ?
Mais alors, existe-t-il un point commun entre Jeanne, Juan, John ou encore Maria ? “Statistiquement, non. C’est le hasard”, selon Jean-Marie Robine. Il n’y a que peu de dénominateurs communs entre les supercentenaires. “Certains sont en excellente santé, d’autres grabataires. C’est le facteur chance qui, aujourd’hui, permet de passer la barre des 100 ans.”
Pourtant, les recherches sont nombreuses sur le mode de vie des supercentenaires. Le Pr Valter Longo, de l’University of Southern California (USC) dirige le département de gérontologie. Il s’intéresse notamment à l’impact de la nutrition sur la santé. En se basant sur les supercentenaires du siècle dernier, selon lui, un régime alimentaire varié pourrait permettre de vivre en bonne santé plus longtemps.
Dans son ouvrage, “The Longevity Diet” (éditions Babel pour la version française), il s’intéresse aux Italiens du Sud, aux Grecs, à toutes les populations connues pour leur longévité. “Un régime alimentaire à majorité végétalien, riche en légumes du soleil, en légumineuses, en huile d’olive, pauvre en viande et en poisson, le tout entrecoupé par des périodes de jeûne intermittent, permettrait de prolonger sa durée de vie en bonne santé de 15 à 20 ans”, explique-t-il.