“Depuis plusieurs années, les patients nous disaient que leurs chiens détectaient leurs crises avant qu’elles ne se produisent”, explique le Docteur Patrick Latour, neurologue à l’institut La Teppe, à Tain-l’Hermitage, dans la Drôme, qui mène cette étude. “On ne savait pas trop si c’était parce que le comportement de la personne changeait ou s’il y avait autre chose.”
C’est alors qu’une chercheuse, Amélie Catala, les contacte pour faire l’interview de leurs patients, une douzaine de personnes chez qui elle prélève des odeurs au niveau du front. Des chiens sont dressés. Et les résultats sont édifiants : sur les cinq chiens prenant part aux tests, trois identifient les cotons prélevés au moment de la crise.
100 participants
“On s’est dit qu’on devait aller un peu plus loin sur un plus gros panel de personnes, pour que ce soit plus solide en matière de statistiques”, précise le Docteur Patrick Latour. Il s’agira aussi de savoir combien de temps en amont les chiens peuvent anticiper la crise. L’hypothèse est de trois à quatre heures.
Cent personnes épileptiques se sont vu proposer de participer au projet, qui suivra la même méthode. Les patients seront accueillis vingt-et-un jours maximum à l’institut. L’idée est de suivre trois crises pour faire trois prélèvements différents. En dehors de ces moments, d’autres prélèvements seront réalisés, toutes les trois heures, avec un petit coton, au niveau du front, du cou, des poignets. Les patients devront aussi souffler dans un sac.
Un médicament ponctuel
On estime entre 600 000 et 650 000 le nombre de personnes qui souffrent d’épilepsie en France. Pour 70% d’entre eux, le traitement médicamenteux parvient à faire disparaître les crises. “On ne guérit pas la cause, mais on évite que les crises d’épilepsie ne surviennent.” A l’institut La Teppe, les patients sont ceux dont celles-ci persistent malgré le traitement. Une petite partie de cette population, mais pour qui l’autonomie est impactée par la maladie.
“Si cela fonctionne, on pourrait imaginer qu’un médicament ponctuel soit mis en place lorsque l’on sait qu’une crise va se produire, et non plus un traitement au long cours pour prévenir un épisode qui n’intervient que quelques fois par mois”, imagine le Docteur Latour. Cela permettrait d’apporter une aide aux personnes, soit par l’intermédiaire d’un chien, soit avec des dispositifs médicaux comme un nez électronique, par exemple.
En plus, le vecteur “chien” est intéressant à tous les niveaux. Il entraîne une médiation particulière, avec les personnes qui ont une maladie, un handicap, permet de développer la psychomotricité. Lorsque l’on a un chien, il faut le sortir, ça oblige à faire du sport, on se sent mieux. C’est bon pour la santé et pour le moral.