L’Hippodrome ParisLongchamp accueille les 28 et 29 août la 5ᵉ édition de la Ref (Rencontre des entrepreneurs de France), connue comme étant l’Université d’été du Medef. Pendant deux jours, une pléiade d’acteurs du monde entrepreneurial débattra autour de différents sujets, dont Manager et s’engager. On y retrouvera Denis Coret, président de l’APM, l’Association Progrès du Management qui rassemble plus de 8 000 chefs d’entreprise. Celle-ci leur permet de se former auprès d’experts ainsi que d’échanger entre pairs.
À ses côtés, Gérald Garutti, écrivain, metteur en scène et fondateur du Centre des arts de la parole, qui a récemment ouvert à Aubervilliers (93). Pour AirZen Radio, les deux intervenants se sont prêtés à l’exercice, en amont, en répondant à quelques questions.
AirZen Radio. Qu’est-ce que vous inspire la thématique Manager et s’engager ?
Denis Coret. C’est un sujet extrêmement contemporain, ça l’est toujours, depuis la nuit des temps. Tout le monde sait que le monde ne va pas très bien. Donc s’engager et manager donne du sens à qui nous sommes.
Gérald Garutti. Il y a clairement une question d’inspiration, non seulement de direction, mais aussi de souffle. Ça suppose de se sentir vivant. Effectivement, le monde présente un certain nombre de forces anxiogènes, voire mortifères, donc il faut trouver un second souffle.
Justement, en tant que chef d’entreprise, comment faire pour amener cet engagement auprès de ses collaborateurs ?
Denis Coret. S’engager c’est entreprendre, ça signifie se saisir et maîtriser, c’est donc l’entreprise. Alors, comment fait-on ? Ah… C’est un vaste sujet (rires). Je dois dire que c’est quand même prétentieux de vouloir manager et s’engager si on n’a pas quelques valeurs que l’on porte et que l’on incarne. En ce qui concerne l’APM, il y en a cinq : le respect, de soi et de l’autre, l’ouverture d’esprit, la confiance, l’humilité et, pour entreprendre, il faut être ambitieux. Il faut donc incarner ses valeurs pour les transformer en vertus.
Selon vous Gérald Garutti, qui avez créé le Centre des arts de la parole, le sujet Manager et s’engager, ça implique peut-être le fait de convaincre et de séduire…
Gérald Garutti. Oui, absolument, c’est un enjeu contemporain essentiel. Les valeurs que vient de poser Denis sont cruciales. Elles ont un point commun : elles portent sur une forme d’attention à soi, aux autres et au monde. Comment peut-on se relier les uns autres ? C’est en se parlant. C’est pourquoi que j’ai fondé ce centre, pour que l’on se parle plutôt que de s’entretuer.
On peut dire que c’est un sujet d’actualité. Il n’y a qu’à voir les réseaux sociaux, les médias ou ce qu’il se passe dans la rue. La parole malmenée et dégradée aboutit à la violence, et à la fin du vivre ensemble. L’enjeu est donc de se parler pour se relier, faire ensemble. Entreprendre et manager, on ne peut pas le faire tout seul. On a un besoin des autres, de créer une dimension collective.
À cette notion de parole, on peut aussi associer l’écoute dans les échanges…
Denis Coret. Oui, bien sûr. Pour le manager et le leader, c’est un nouveau leadership qu’il faut installer en entreprise : celui de la présence. Mais avant de le déterminer, il faut rappeler les différentes ruptures auxquelles on fait face – écologique, technologique, organique en rapport avec la hiérarchie, économique philosophique et spirituelle. Face à ce constat, quand on est un chef d’entreprise, il faut faire évoluer sa façon de diriger.
Auparavant, on avait un leadership de puissance, celui qui embarque les équipes, transforme les entreprises. Puis là, depuis une dizaine d’années, c’est un leadership de sens où il faut inspirer, éclairer, être visionnaire. Aujourd’hui, c’est plutôt centré autour de l’écoute et de la parole. Et aussi, peut-être, j’ose le dire, même si ce n’est pas facile pour un entrepreneur : c’est aimer. Dans le sens aimer ses collaborateurs et les écouter.
Dans ce cas de figure, comment fait-on alors pour bien se parler, Gérald Garutti ?
Gérald Garutti. Il faut sortir d’un rapport étriqué à la parole, utilisée comme un outil, parfois d’arme de destruction massive. La parole doit être un art de construction collective. Dans ce cas-là, il faut être en mesure d’accueillir la parole de l’autre et lui faire une place pour que cette relation existe. Nous sommes dans une société narcissique 2.0, pourtant on est sur Terre pour se rencontrer. C’est la parole qui va permettre de trouver un espace commun. C’est d’autant plus vrai pour les équipes qui ont des objectifs à atteindre. L’attention doit être portée sur l’ensemble et l’individu. Dans le dialogue, il faut être attentif aux positions de l’autre.