Selon Barbara Ann Hubert, psychanalyste, le père Noël incarne “l’idée que la vie peut offrir des cadeaux, des récompenses, simplement parce qu’on existe”. Il symbolise, dans son essence positive, l’amour inconditionnel, un pilier essentiel dans le développement émotionnel de l’enfant.
Cependant, cette figure culturelle ne doit pas être détournée à des fins manipulatoires. “Lorsqu’on dit à un enfant que s’il n’est pas sage, le père Noël ne viendra pas, on sort du merveilleux pour entrer dans une logique de chantage. Cela peut avoir des conséquences négatives sur le psychisme de l’enfant”, alerte-t-elle.
Faut-il encourager la croyance du Père Noël ?
La croyance au père Noël peut nourrir l’imaginaire des jeunes enfants. Mais elle soulève inévitablement la question du moment où ils commencent à douter. Selon Barbara Ann Hubert, cette transition naturelle de la croyance au doute est un processus de maturation. “En grandissant, les enfants développent des zones de logique qui court-circuitent la vision du merveilleux. Ils se demandent comment un homme pourrait, en une nuit, livrer des cadeaux dans le monde entier.”
Face à un enfant qui commence à poser des questions, la psychanalyste conseille de répondre : “Qu’en penses-tu ?” et de valoriser son raisonnement et son intelligence. Cette approche permet à l’enfant de construire sa propre compréhension, sans sentiment de trahison.
Quand la révélation est brusque
Certains enfants apprennent brutalement, souvent à l’école, la vérité. “Il est important, dans ces moments-là, d’expliquer à l’enfant que le père Noël est une belle tradition, une légende qui incarne la générosité et le partage.” Barbara Ann Hubert souligne également qu’il faut rassurer l’enfant : “L’idée n’était pas de te tromper, mais de t’offrir de la joie.”
Si la croyance au père Noël est maintenue trop longtemps, elle peut devenir problématique. Un enfant qui découvre la vérité tardivement, après avoir été fortement encouragé à croire, peut en effet ressentir une trahison. “Cette défiance vis-à-vis de l’adulte peut affecter durablement la confiance qu’il accorde aux autres”, prévient la psychanalyste.
Noël sans père Noël, une alternative ?
Certaines familles choisissent de ne pas introduire la légende du père Noël. Dans ce cas, comment préserver l’esprit de Noël ? Barbara Ann Hubert propose d’expliquer que le père Noël est une belle histoire, mais non une réalité. “On peut alors insister sur la magie des moments partagés et sur la joie d’offrir des cadeaux.”
Cependant, elle alerte : “À vouloir aller à contre-courant, on risque de créer un décalage social pour l’enfant, qui peut souffrir lorsqu’il retourne à l’école et entend ses camarades parler de cette magie.”
L’invitée.
Psychanalyste depuis plus de 20 ans, Barbara Ann Hubert est également hypno-analyste, formatrice et autrice d’ouvrages. En tant que psychanalyste, elle accompagne, lors de séances individuelles à son cabinet, ses patients en fonction de leurs besoins spécifiques, en utilisant les états modifiés de conscience par le souffle, l’hypnose, la peinture et l’écriture. Elle a par ailleurs co-écrit « De l’enfant à l’adulte, reconnaître l’enfant dans sa singularité pour accueillir l’adulte en devenir », publié aux éditions Dangles.