La manifestation Ensemble à vélo est née en 2012. La toute première édition s’intitulait alors “Toutes à vélo”, car il s’agissait initialement de promouvoir le sport au féminin. “Il y avait une forte demande de la part des femmes d’avoir un évènement bien à elles”, raconte Martine Cano, présidente de la Fédération française de cyclotourisme, à l’origine de la manifestation. Pour cette édition 2024, année olympique oblige, il était symbolique de revenir dans la capitale. Par ailleurs, la demande de mixité étant importante, l’évènement est naturellement devenu Ensemble à vélo.
Le rendez-vous, ouvert à toutes et tous, est avant tout l’occasion de retrouvailles et un moment festif. “On revoit des amis et on rencontre de nouvelles personnes. Et de ces rencontres naissent parfois des projets communs.” Cette manifestation grandit à chaque édition. “Il y a un réel engouement. C’est comme une chaîne sur laquelle viendraient à chaque fois se greffer de nouveaux maillons.”
Cette grande fête était ponctuée d’une parade, d’un pique-nique géant et de diverses activités autour du vélo, venant ainsi clôturer Mai à vélo, opération destinée à faire progresser le nombre de pratiquants à travers le pays. “Pour nous, c’est toute l’année à vélo, précise Martine Cano. Mais on met l’accent, bien sûr. On encourage nos associations à proposer des événements supplémentaires au mois de mai. Le rendez-vous a avant tout été créé pour le grand public, celui qui n’a pas forcément l’habitude de pratiquer, avec l’espoir que, s’il y trouve son plaisir au mois de mai, il continuera au-delà, et pas seulement un mois par an.”
Un cyclotourisme multiple
Parmi les autres temps forts organisés par la Fédération, par exemple, une semaine annuelle lors de laquelle les participants peuvent visiter un département différent. Cette année, les cyclotouristes ont ainsi décidé de se retrouver à Roanne, dans la Loire, l’année dernière, c’était en Lorraine, et l’année prochaine dans la région d’Orléans. Des circuits sont proposés et chacun choisit la distance qu’il préfère. Ces retrouvailles permettent également de découvrir le patrimoine géographique, historique, gastronomique de la région en question. Des voyages plus longs sont par ailleurs proposés. Un groupe s’est par exemple constitué pour rallier Athènes depuis Paris, en cette année olympique. Le périple aura duré un mois.
Mais le cyclotourisme ne consiste pas forcément à réaliser des distances incroyables à vélo. “Cela peut se faire une ou deux heures autour de chez soi. On peut faire du cyclotourisme et se déplacer à vélo partout”, rassure Martine Cano. “Il n’y a pas un cyclotourisme, il y a mille cyclotourismes. Il y en a pratiquement autant que de pratiquants”. Et chacun va y trouver son plaisir. Que ce soit lors d’une balade le long d’un canal, en bord de mer ou, pour les plus sportifs, en montagne pour collectionner les montées de cols et profiter de magnifiques panoramas une fois au sommet, par la route ou par les chemins pour les vététistes. Le kaléidoscope d’activités est très varié.
Un mode de voyage pas si récent
Un plaisir cyclotouristique qui ne date pas d’hier, bien que l’engouement récent ne fasse que progresser en France. Si la Fédération française de cyclotourisme vient de fêter ses 100 ans, les premiers voyageurs n’ont pas attendu sa création pour se lancer à l’assaut des routes. Les premiers courageux ont réalisé des raids qui peuvent paraître incroyables aujourd’hui. Au XIXe siècle, déjà, certains ont traversé la France ou sont allés jusqu’en Russie à vélo. Et puis, au début du XXe siècle, la pratique a pris encore plus d’essor grâce aux Anglais, très actifs dans le domaine, mais aussi dans la région de Saint-Etienne, un des bastions historiques de l’industrie du cycle, ou encore en région parisienne. Peu à peu, ces passionnés de bicyclette se sont réunis en clubs, pour visiter leur région, d’abord, puis la France. “On peut citer les frères Michaux, qui sont allés de Paris à Avignon. D’autres sont partis de la région nantaise pour rejoindre la Provence. Ça a été une période de grand engouement en la matière.”
Si, à ses origines, l’engin n’était pas très connu du grand public, et réservé à une élite sociale car il fallait pouvoir s’offrir cette nouvelle machine, les débuts de l’industrialisation ont répandu la bicyclette à grande échelle. Il existait même des manèges pour les enfants pour apprendre à monter à vélo.
Aujourd’hui, la Fédération est présente dans toute la France, avec près de 180 clubs locaux. Ses membres conseillent en matière d’équipement, de santé, prodiguent des stages et formations pour apprendre à lire une carte, à se débrouiller seul en voyage, à réparer son vélo, à mieux s’alimenter, à gérer son effort. Des formations sont aussi à destination des plus jeunes, avec le programme Savoir rouler à vélo, et aux adultes qui éprouvent le besoin de se perfectionner, ou de se remettre dans le bain après des années de pause.
Pour un module cycliste dans le permis de conduire
C’est là que les conseils pour un bon équipement sont importants, mais aussi sur la façon de se comporter en groupe, de respecter le Code de la route. “Nous avons énormément progressé en matière de sécurité. On essaie d’organiser davantage de formations encore, mais je pense que la meilleure solution, celle que nous essayons d’obtenir depuis plusieurs années, c’est que, dans l’apprentissage de la conduite motorisée, il y ait un module pour que le futur conducteur soit, au moins une fois, à vélo, dans la circulation, pour qu’il se rende compte de ce que cela représente quand il frôle une cycliste à 30 cm alors que le minimum en ville est d’un mètre, 1,50 m en campagne. On a obtenu des progrès, notamment en ce qui concerne les angles morts des gros véhicules. Il y a de plus en plus d’aménagements. Mais le travail reste important.”
La Fédération française de cyclotourisme travaille main dans la main, depuis de nombreuses années, avec l’Éducation nationale, le ministère des Sports et celui du Tourisme, puisque tous ces domaines sont abordés par la discipline. Sans oublier le rapport à la santé, car l’activité physique, notamment le vélo mais pas uniquement, est bénéfique à la santé de chacun et chacune.