Depuis la petite route, rien, à part la plaque Jardin Remarquable, ne laisse deviner qu’on s’apprête à entrer dans un lieu exceptionnel, tout entier voué à la nature. Mais une fois l’entrée du Jardin des Vitailles franchie, plus de doute. On est d’abord accueillis par des pins douglas qui nous regardent du haut de leurs 80 ans et de leurs 40 mètres et quelques de haut. À la fois intimidants et majestueux, ils forment une véritable petite forêt à l’ombre dense et protectrice.
Non loin d’eux, deux châtaigniers de 350 ans. Histoire de se confronter à la vertigineuse longévité de ces sujets (quand on les laisse tranquilles…), songez que lorsqu’ils sont nés, Louis XIV régnait depuis 30 ans !
Le rêve d’une forêt préservée
Sans remonter aussi loin, le rapport à la nature de Jean-Louis Reix ne date pas non plus d’hier. Enfant, c’est ici qu’il venait jouer avec ses copains. Sans imaginer, qu’un jour, il y créerait ce havre de biodiversité. Déjà, cependant, il récupérait des jeunes arbres qu’il ramenait chez lui. Son rêve originel était de créer une forêt préservée, où l’usage de la tronçonneuse serait banni et où la vie pourrait s’épanouir en toute quiétude. Le rêve a juste pris une autre forme.
Et cette sensibilité à la force mais aussi à la fragilité de la nature a poussé Jean-Louis Reix, aidé par son épouse Annie, à créer le jardin des Vitailles où, sur environ un hectare, la main du jardinier n’est jamais contraignante. Peut-être parce que, ébéniste de profession, il est un pur autodidacte du jardin qui s’est formé sur le tas, en lisant des livres et visitant des lieux inspirants.
Arbres géants et grenouilles sonores
Aujourd’hui, c’est son jardin, labellisé remarquable en 2020, qui inspire à son tour. Outre les arbres géants, on y trouve de nombreux érables, des fougères qui apprécient le sol riche et humide, des bouleaux, diverses graminées. Mais aussi des orchidées venues sans être réellement invitées.
On y trouve également des aménagements, comme ces kiosques surmontés de rosiers volubiles qui se mélangent à de gracieuses digitales. Disposées à l’intérieur, des photos d’oiseaux, dont certains habitants discrets des lieux. Moins discrètes, des grenouilles emplissent régulièrement le jardin de leurs chants sonores. Partout, des insectes volètent à leur guise, assurés qu’ils sont de trouver ici gîte et couvert. Comme dans la nature, en somme…