Les radicelles, ce sont ces toutes petites racines qui permettent aux plantes de se nourrir. Bien ancrées dans le sol, elles sont indispensables à la vie.
“On aimait bien la symbolique, celle d’un ancrage rural qui nous est cher. Et comme elles, les enfants sont aussi la base de la vie, de la société”, présente Delphine Ducret, co-présidente de l’association à l’origine de l’école les Radicelles, à Mauzens-et-Miremont, en Dordogne. D’ailleurs, leur logo représente un arbre avec des racines assez visibles, “parce qu’on a tous besoin de cet ancrage dans un territoire, dans une commune, dans une histoire.
Tout commence un peu par hasard, en janvier 2022. Delphine Ducret, qui n’est pas du tout liée au milieu de l’enseignement, tombe sur le journal communal, lequel aborde le souhait de la mairie de voir l’école retrouver sa fonction première. École fermée depuis 6 ans. Si une partie du terrain a été transformée en logements, il reste encore une jolie cour, une grande salle de classe, un réfectoire, une salle de motricité, des bureaux, de quoi faire fonctionner une école en petit effectif. Une occasion que la co-présidente saisit au vol, animée par l’envie de s’impliquer dans la vie de sa commune, “de ne pas être juste habitante”.
Plus en accord avec ses valeurs
Le département de la Dordogne est un grand territoire, mais doté d’une faible densité de population. Il n’est pas rare, pour les parents, de devoir effectuer des dizaines de kilomètres pour déposer leurs enfants à l’école. C’est le cas des habitants de Mauzens-et-Miremont, où l’établissement scolaire le plus proche se situe à 18 kilomètres, depuis la fermeture de l’école publique du village.
Dans le même temps, de plus en plus d’écoles privées, alternatives, associatives, maillent le territoire. “C’est une attractivité particulière pour un territoire rural. Les nouvelles populations qui s’installent ont d’autres attentes, parce que cette installation est souvent liée à des choix de vie différents. C’est notre cas aussi. On a quitté Bordeaux pour un autre type de vie. On a aussi envie que ce que nos enfants apprennent à l’école soit plus en adéquation avec notre mode de vie, avec nos valeurs”, explique Delphine Ducret.
Malgré tout, les profils des familles sont très divers. Il y a de tout, du Périgourdin de naissance, aux nouveaux arrivants, en passant par ceux qui sont venus s’installer spécialement pour l’école, ceux qui se serrent la ceinture pour offrir cette chance à leurs enfants et ceux qui n’ont pas de difficultés financières.
“On aimerait une forme de mécénat pour financer une année de scolarité pour des enfants dont les parents ne peuvent pas payer l’école. C’est souvent la remarque qu’on nous fait, à juste titre, celle du coût. On essaie de trouver des solutions.”
Ravis de voir l’école revivre
La jeune femme a ainsi monté une association pour porter le projet et a recruté deux enseignantes, au profil particulièrement adapté. Sandra, en maternelle, trouve son inspiration dans la pédagogie Montessori. Sandrine, en élémentaire, a une grande expérience dans l’Éducation nationale, où elle a mis en place des classes flexibles.
“Elle ne va pas piocher uniquement du côté des pédagogies actives, mais va surtout s’attacher au respect du rythme des enfants, de leurs différences. Elle a travaillé avec des enfants présentant des difficultés d’apprentissage”. Au final, deux classes en petits effectifs ont été créées, qui respectent les spécificités des enfants.
Un challenge très motivant et énergisant, rapporte Delphine Ducret, malgré des délais très courts et la nécessité d’une organisation sans failles, “parce qu’on sait qu’il y a un vrai soutien de la commune, des parents. Les anciens qui ont fréquenté l’école publique étant jeunes sont absolument ravis de voir ces bâtiments revivre”. Et puis, les parents sont de plus en plus sensibilisés aux pédagogies alternatives, grâce aux éclaircissements des neurosciences quant au fonctionnement du cerveau, des émotions de l’enfant.
“La pédagogie, aujourd’hui, doit intégrer tous ces paramètres pour s’adapter un peu plus aux besoins des enfants, plutôt qu’uniquement aux besoins de la société”, insiste la co-présidente de l’association. “Peut-être qu’en prenant en compte de l’individu, en lui apportant un cadre de sécurité suffisant, cela peut ensuite lui donner des ailes pour être un citoyen actif et intégré.”