La polygamie tue. Et pas seulement à des centaines de kilomètres d’ici, mais en France. C’est en partant de l’histoire de l’une de ses proches qu’Awa Ba écrit, “Polygamie, la douleur des femmes”, qui la mène à créer l’association EFAPO, en finir avec la polygamie, en 2013, à Chilly-Mazarin, dans l’Essonne.
Efapo accompagne les femmes victimes de toutes sortes de violences, sur le plan juridique, psychologique, social, sur toutes leurs démarches administratives, comme l’obtention du titre de séjour par exemple. L’association prodigue aussi un accompagnement d’urgence dans les cas de violences conjugales en finançant des nuits d’hôtels le temps que le 115 pourvoie un hébergement. Sa mission consiste également à sensibiliser sur l’égalité femmes hommes, faire de la prévention contre les violences faites aux femmes, les discriminations, dans les établissements scolaires, par exemple, de la grande section de maternelle jusqu’au lycée, voire même plus.
Un véritable circuit de réinsertion
Le but étant également de promouvoir l’autonomie des femmes tout en les aidant à sortir de leur souffrance. Mais pour avoir accès à cette autonomie, il faut déjà que la personne ait son titre de séjour. Il faut savoir que depuis 2008, les femmes victimes de violence peuvent prétendre à un titre de séjour en France. C’est un premier pas vers l’insertion. Ensuite, l’association va accompagner ces femmes à trouver un travail via des ateliers de formation, de recherche d’emploi ou de création d’entreprise, comprenant un moyen de garde d’enfants. Lorsqu’on travaille, il est beaucoup plus facile de trouver un logement. C’est donc un véritable circuit de réinsertion qu’Efapo offre à ces femmes, qui permet de sortir des violences et de la précarité. “La majorité du temps, les violences font entrer en situation de précarité, quand les femmes se retrouvent toutes seules à s’occuper des enfants”, précise Awa Ba.
Il y a aussi la perte d’estime de soi, qui empêche d’avancer. “C’est pourquoi on met en place tout de suite un accompagnement psychologique, si elles le souhaitent, pour retrouver cette confiance, qui va leur permettre de redémarrer dans la vie. Quand elles ont l’estime de soi, elles s’ouvrent et elles sont prêtes à tout faire. C’est pour ça que ce côté psychologique est primordial”.
Le travail de la terre est thérapeutique
Dernière trouvaille pour remettre ces femmes sur le chemin de la vie, un potager. Une dizaine d’entre elles se donne rendez-vous tous les lundis pour bêcher, arroser, récolter, semer, selon la saison. Le but étant de lutter contre l’isolement, partager un moment avec d’autres femmes. “Le fait de travailler la terre, c’est une thérapie, un moment où on oublie tout. On utilise ses 5 sens, on est concentrés, les graines sont comme les bébés, elles vont pousser. Et, en plus, on mange bio. On partage les salades, les concombres”.
L’objectif à présent est d’obtenir de nouvelles subventions pour créer un centre d’hébergement, avec un volet insertion par l’agriculture, afin de former les bénéficiaires pour qu’elles puissent trouver du travail dans ce domaine.
“On ne dit jamais, on est fier de soi-même, mais je dis bravo à toute l’équipe parce que toute seule je ne pourrais rien faire”, se réjouit Awa Ba. “Les salariés sont à l’écoute, prêts à rester jusqu’à n’importe quelle heure pour aider. À chaque fois que l’on obtient une réussite, on fait une fête. Parce que c’est une fierté. Quelqu’un qui nous appelle pour nous dire qu’elle a trouvé un travail ou un logement, c’est une joie. Parfois, on a des situations problématiques, mais on y croit toujours. On leur dit qu’on fera de notre mieux pour essayer de les aider. Si ça réussit, ce n’est que du bonheur pour nous, et un bonheur extrême pour la personne”.