Marion Cuerq, spécialiste des droits de l’enfant et formée en sciences de l’enfance et de la culture, est l’autrice de “Une enfance en nORd – Pour une éducation sans violence à hauteur d’enfant” paru aux éditions Marabout. Elle partage avec nous ses connaissances sur le modèle suédois et ses conseils.
Nous aimons nos enfants et leur souhaitons le meilleur. Pourtant, il peut sembler difficile d’éduquer sans punir, sans chantage, sans crier ou encore sans fessée. Mais pourquoi est-ce si compliqué ? Et si cela était une question de normes sociales ?
« Respecter les enfants, ce n’est pas une méthode éducative qu’on applique, comme on appelle en France l’éducation positive ou bienveillante. C’est juste une relation et un paradigme de notre vision de l’enfant qui change, socialement parlant (on ne peut pas le faire tout seul, on n’est pas des superhéros). Et petit à petit, de nouveaux comportements s’installent », explique Marion Cuerq.
La terrible légende de l’enfant roi
Il est une légende qui provoque des ravages au sein des familles : celle de l’enfant roi. « L’enfant roi, c’est quoi ? C’est l’idée finalement que l’enfant est un être qui veut détenir le pouvoir et qui peut détenir le pouvoir face à l’adulte qui va du coup se retrouver objetisé par l’enfant, affirme Marion Cuerq. Et en fait, on déplace totalement le problème : dans la relation adulte-enfant, l’enfant est la personne qui n’a pas le pouvoir. L’enfant n’a pas le pouvoir ni biologiquement, ni structurellement face à l’adulte. Et c’est parce que nous, adultes, avons le pouvoir, que nous devons en faire un outil qui est au service des droits de l’enfant et non pas contre l’enfant. »
Elle ajoute : « Si un enfant est en insécurité, si un enfant est dans une situation où la relation avec l’adulte ne fonctionne pas, c’est toujours la responsabilité de l’adulte. Donc parlons plutôt d’adulte insécurisant, si c’est des adultes qui ne peuvent pas donner de repères aux enfants, qui n’y arrivent pas, qui ne savent pas comment faire. Parlons d’adultes autoritaires. »
Par ailleurs, il est intéressant de remarquer que l’expression “enfant roi” n’existe pas dans le modèle suédois… Sauf pour désigner les enfants de la famille royale !
À hauteur d’enfant et les enfants-auteurs
Dans le modèle suédois, deux termes méritent particulièrement notre attention :
- À hauteur d’enfant : “C’est quand les adultes essaient de regarder le monde à travers la perception des enfants, en cherchant à se mettre dans les baskets des plus petits pour les comprendre selon leurs conditions”. La relation parent-enfant se place exclusivement sous le signe du filtre de la confiance.
- Les enfants-auteurs : “ Ce sont directement les perspectives des enfants, leurs paroles, leur perception propre”
L’invitée.
Marion Cuerq, 30 ans, est une spécialiste des droits de l’enfant. Elle s’est formée en sciences de l’enfance et de la culture à l’université de Stockholm. Partie vivre en Suède à 19 ans, elle s’est lancée en autodidacte avec sa caméra pour percer les secrets de l’éducation suédoise sans violence, afin que la France se dote, elle aussi, d’une loi abolissant toute violence dans le cadre familial. Pour maintenant appliquer cette loi, il lui tient à cœur d’ouvrir le grand public à la compréhension du paradigme suédois sous le signe de la “hauteur d’enfant”. Elle est autrice de “Une enfance en nORd – Pour une éducation sans violence à hauteur d’enfant” paru aux éditions Marabout.