Malgré une récente baisse, la France reste la championne d’Europe de la consommation de médicaments. Voici ce qui ressort d’une étude IQVIA pour le Leem, fédération des entreprises du médicament, sortie en 2019.
Le pendant de cette importante consommation est le gaspillage. Il équivaudrait à plus d’un milliard d’euros de perte pour la Sécurité sociale.
Pourquoi gaspille-t-on les médicaments ?
Les dépenses de médicaments en France représentent 32 milliards d’euros. Le gaspillage représenterait de 15 à 30% de cette enveloppe, soit de 5 à 10 milliards d’euros. Selon une récente enquête publiée par la chaîne M6, il y aurait plusieurs raisons à cela. Parmi elles, la tendance des pharmacies à retirer des rayons les boîtes trois mois avant leur date de péremption.
Mais les pertes se retrouvent aussi du côté des patients. « Quand on vous prescrit une boîte de 14 cachets d’antibiotiques, on vous recommande de suivre le traitement entre 8 et 10 jours… Que faites-vous du reste ? » interroge Roland Sicard, directeur de l’Institut de Cancérologie Sainte-Catherine à Avignon.
En cancérologie, notamment, Roland Sicard rappelle qu’un peu plus d’un million de patients sont traités chaque année. Dont plus de la moitié par thérapie orale. « À l’hôpital, les médicaments sont distribués en vrac. Mais lorsque nous renvoyons les patients chez eux, ils gèrent. Parfois, ce sont des médicaments à plus de 10 000 euros la plaquette qui sont perdus », explique-t-il.
Quelles solutions pour lutter contre le gaspillage des médicaments ?
Selon Roland Sicard, ces thérapies orales correspondent à 600 millions d’euros de dépenses par an pour l’Assurance Maladie. Une étude de la Caisse d’assurance maladie parue en 2015 a conclu que 30% des traitements n’allaient pas à leur terme. Soit un gaspillage de l’ordre de 150 millions d’euros.
Parmi les solutions pour lutter contre le gaspillage des médicaments : la vente en vrac. Ou la distribution de médicaments à l’unité pour un traitement plus adapté. Il s’agit d’ailleurs de l’une des promesses de campagne d’Emmanuel Macron formulée en 2017. Depuis, le projet est au point mort. Plusieurs freins à cela, notamment du côté des pharmaciens. Les officines sont calibrées pour stocker des boîtes. Les représentants de la profession estiment aussi qu’il faudrait rééditer les notices et que cela présenterait un risque pour les patients.
Autre solution, déjà à l’œuvre, la vente en flux tendu. Cela existe notamment grâce au Comptoir des pharmacies. Cette plateforme permet de revendre les médicaments proches de la date de péremption plutôt que de les jeter.
Thess, le premier pilulier connecté au monde
Enfin, la technologique pourrait aussi apporter sa pierre à l’édifice. En tout cas, c’est ce en quoi croit Roland Sicard. Il est également le fondateur de Thess, le premier distributeur de médicaments intelligent.
« Nous avons pensé ce dispositif médical, d’abord, pour accompagner les patients et, ensuite, pour limiter le gaspillage des médicaments », détaille l’entrepreneur. L’objet peut être paramétré par un service hospitalier, une pharmacie ou même le patient lui-même. Thess a d’ailleurs développé une plateforme téléphonique d’accompagnement.
Comment cela fonctionne ? Le pilulier se charge d’alerter le patient de la prise des comprimés, du dosage, aux bonnes heures, ou encore tient à jour les dates de péremption. Il permet aussi un suivi à distance pour les praticiens.
Aujourd’hui, Thess est commercialisé en France et aux États-Unis. L’entreprise a entamé les démarches pour faire reconnaître son utilité aux autorités sanitaires et obtenir un remboursement de la Sécurité sociale. Pour l’instant, le dispositif est commercialisé à partir de 30 euros par mois ou 700 euros pour un achat définitif.