Son premier métier était accompagnatrice en montagne, alors le massif environnant n’a aucun secret pour Inès de Rancourt. Ce qui lui permet de donner des conseils aux personnes qu’elle héberge pour trouver l’endroit le plus adapté et le plus joli où se balader, jusqu’aux trucs et astuces en fonction de la météo ou de la fréquence touristique du moment. “On essaie de s’adapter aux gens, pour qu’ils puissent vivre les randonnées de la manière la plus paisible possible, qu’ils passent un bon moment, en voyant de belles choses”, raconte la désormais paysanne, chevrière et vigneronne à Saoû, dans la Drôme.
Une envie d’agriculture qui la tiraillait depuis un long moment. C’est son compagnon, Daniel, qui lui a donné l’impulsion en opérant un virage à 360 degrés, et de passer du monde des sports automobiles à l’élevage de chèvres. Elle a tout lâché pour le suivre dans l’aventure. “Au début, je ne pensais pas m’investir autant dans ce projet-là. Mais finalement, on n’est pas trop de deux”, s’amuse-t-elle. “Donc j’ai fini par récupérer un statut sur la ferme.”
L’idée était de valoriser des terrains familiaux, ne pas les laisser à l’abandon. “On voulait que ce soit encore travaillé par les animaux, et d’une belle manière pour respecter l’environnement.” Son compagnon se forme et passe un BPREA, brevet professionnel de responsable d’exploitation agricole. Le couple accueille immédiatement une quarantaine de chèvres. Le troupeau s’élève aujourd’hui à une soixantaine de bêtes. En outre, depuis 4 ans, ils se sont lancés dans l’élevage de vigne. Leur raisin est ensuite envoyé dans une cave coopérative créée avec des gens du village. Cette année, ils devraient vendre leurs premières bouteilles.
Vivre le quotidien de la nature
“C’est un vrai choix de vie. Je ne me voyais pas avoir des enfants autrement qu’à la campagne. C’est vraiment l’idée de vivre le quotidien de la nature, de travailler les terres de manière vertueuse, de pouvoir continuer à valoriser des produits alimentaires qui nous plaisent.” Une initiative qui tenait à cœur ces fervents consommateurs de Picodon, ce fromage de chèvre local, celle d’emmener les animaux dans les bois, les faire pâturer, participer à la lutte contre les incendies aussi, “être conscients de tout ce qu’on vit dans notre quotidien, les problèmes liés à l’eau, au vivant. On voulait ne pas vivre une vie artificielle”.
Dès le départ, le couple a dans l’idée de faire de l’accueil, pédagogique d’abord, mais aussi sous la forme d’hébergements. “Parce que c’est très important pour moi de pouvoir montrer aux gens ce qu’ils ont dans leur assiette”, précise Inès. Il récupère une partie attenante à leur maison pour créer un gîte. “Et ça a été des espaces de partage incroyables ! D’avoir des gens qui venaient de l’extérieur et de leur expliquer notre métier, ça avait un côté très valorisant. Et d’écouter aussi comment eux voyaient notre métier, notre région. Ça m’a permis aussi beaucoup de voyager à travers les autres.”
Assister au travail avec les chèvres
Lorsque l’on vient séjourner à la chèvrerie d’Inès et Daniel, on va pouvoir assister à la traite des chèvres le matin, si l’on est suffisamment courageux pour se lever tôt. On peut aussi suivre leur travail dans le laboratoire, puisqu’ils ont fait en sorte d’installer de grandes vitres pour qu’on n’en perde pas une miette. Et puis, si le temps le permet et si ça ne pose pas de difficultés, on peut aussi accompagner Inès promener les chèvres dans les bois, ce qui permet aussi d’échanger énormément.
L’échange, l’accueil, sont des valeurs particulièrement importantes pour Inès, dont la ferme est labellisée Accueil paysan. “On passe du temps, au moment de l’arrivée des gens qu’on héberge, pour leur expliquer tout ce qu’on peut faire dans le coin, on leur donne nos petites adresses pour les randonnées, aller au bord de l’eau, visiter d’autres fermes, les activités pour les enfants, des adresses de super restaurants dans les alentours pour se faire plaisir. On connaît très bien toutes les personnes qui travaillent ici, ce sont des microcosmes, c’est important pour nous d’envoyer les gens vers des personnes qui ont des pratiques vertueuses, mais ça ne nous empêche pas de parler de tout le monde parce que l’idée, aussi, c’est de montrer qu’on peut vivre sur un territoire en ayant des idées différentes, qu’on peut toujours partager quelque chose.”
Une envie de rester
Dans le secteur, on pourra découvrir la forêt de Saoû, son massif qui domine un village surplombé par le roc, un site époustouflant, selon Inès, qui ne se lasse pas de le décrire. À la bonne saison, on pourra profiter des senteurs de lavande, des fruits, de la bonne viande, des bons fromages. “Juste la petite épicerie du village est déjà incroyable !” s’émerveille Inès, qui n’est pas la seule puisque de nombreux touristes auraient fini par trouver un petit pied à terre, pour séjourner plus souvent dans la région, voire pour y vivre définitivement.
La chèvre qui Saoûrit peut accueillir de 2 à 8 personnes pour une nuitée, ou plus. Les cavaliers, aussi bien que leurs chevaux ou leurs ânes, peuvent également être hébergés.