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Des tatouages pour se réapproprier son corps après un cancer du sein

Pendant Rose Tattoo, à Paris, les 22 et 23 octobre, l’association organisatrice de l'événement Sœurs d’Encre offre à une dizaine de femmes touchées par le cancer des tatouages réparateurs sur cicatrices.
Rose Tattoo : des femmes ayant eu une mastectomie ont un tatouage sur leurs cicatrices. Elles posent tout sourire
© Photo Nathalie Kaïd
Journaliste

À l’occasion d’Octobre rose, mois de sensibilisation à la lutte contre le cancer du sein, Sœurs d’Encre organise Rose Tattoo. Cet événement est dédié au tatouage artistique et réparateur post-cancer.

Après Bordeaux et Colmar, Paris accueille son édition 2022 au Gamin à Dix Doigts, le week-end du 22 et 23 octobre. Pendant ces deux journées, 22 femmes se feront tatouer gratuitement à l’endroit de leurs stigmates. Un acte exécuté par des tatoueuses engagées affiliées à l’association. Elles sont au total une soixantaine réparties sur la France.

Naissance de Sœurs d’Encre

C’est Nathalie Kaïd, artiste et photographe, qui a créé Sœurs d’Encre, en 2017, à Bordeaux. Elle a fait appel aux professionnels de santé pour mettre au point son projet. Chacune des tatoueuses a notamment reçu une formation médicale et technique par des chirurgiens spécialistes de la reconstruction mammaire à la suite d’un cancer du sein. Elles sont aussi informées des différents traitements, sur les endroits de la peau, où il faut se montrer vigilantes.

L’idée du tatouage comme élément de soin pour se réapproprier son corps a émergé à la suite d’une rencontre. L’institut Bergonié, seul centre régional de lutte contre le cancer de la Nouvelle-Aquitaine, l’a contactée après avoir vu sa série de photos sur la poitrine des femmes et jeunes filles de 10 à 85 ans. Il voulait des clichés du même type mais avec des femmes touchées par le cancer du sein pour préparer octobre rose.

Sensibiliser autrement

La photographe a alors rencontré en studio des dizaines de femmes pour réaliser son exposition. « Je ne m’attendais pas à voir des corps aussi modifiés. Ça m’a beaucoup touchée. Je pensais naïvement que lorsqu’on enlevait un sein ou deux pour nous sauver, il y avait une reconstruction mammaire. Mais ce n’est pas automatique, dit-elle. Et quelque temps plus tard, j’ai commencé à me tatouer et je me suis rendu compte des bienfaits que ça m’avait procurés. Je me suis dit qu’il fallait qu’on propose ça. »

“On souhaite que, dans quelques années, quand on se fera opérer d’un cancer du sein, le tatouage artistique sur cicatrice fasse partie des possibilités de reconstruction”

Depuis, Nathalie Kaïd a réalisé de nombreuses expositions photos qui mettent en avant le parcours de ces femmes et montrent les bénéfices physiques et psychologiques que ces tatouages apportent. « Parfois, après une mastectomie ou un sein refait qui n’est plus le même, certaines femmes ont l’impression d’avoir perdu une part de leur féminité. Mais Marie-Laure, une tatouée, m’a dit : « qu’on se réinvente une féminité. » »

Les bénéfices du tatouage

D’ailleurs avec son association Sœurs d’Encre, Nathalie Kaïd mène un combat. « On souhaite que, dans quelques années, quand on se fera opérer d’un cancer du sein, le tatouage artistique sur cicatrice fasse partie des possibilités de reconstruction. » Un partenariat expérimental d’un vient d’ailleurs d’être lancé. Il y a un remboursement basé sur barème de la CPAM. Il faut que le dossier des femmes qui souhaitent en bénéficier passe en commission.

L’an dernier, la structure a reçu l’un des prix Ruban Rose récompensant la recherche. Il s’agit de l’un des prix qualité de vie. Par ailleurs, « depuis 2019, on est référencé comme soin oncologique de support par l’association francophone des soins oncologiques de support, ajoute l’artiste. C’est tout ce qui accompagne le patient hors médical dans son parcours de bien-être ».

À savoir, actuellement Nathalie Kaïd expose à Bordeaux jusqu’à la fin du mois une série de photos, « A fleur de maux », pour sensibiliser au dépistage du cancer du sein. Une vingtaine de femmes opérées posent avec leur tatouage au niveau des cicatrices. « Le but est de montrer qu’il y a la possibilité de s’aimer à nouveaux », confie l’artiste.

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