Terminés les burgers en boîte cartonnée, les frites dans un cornet en papier ou les pailles en carton ! Après avoir imposé la fin des contenants en plastique dans la restauration rapide, la France passe la vitesse supérieure. Le jetable tout court est mort, vive le réutilisable !
Ce qui change au 1er janvier 2023
À partir de ce 1er janvier 2023, les enseignes de restauration rapide vont devoir se mettre en conformité avec la loi AGEC, votée en février 2020. Elles devront se débarrasser de leur vaisselle jetable, même en carton. Et ce, pour le service à table. Petite exception, la feuille de papier qui sert notamment à protéger un burger ou un sandwich. Les restaurants de plus de 20 places assises sont concernés par la mesure.
Comme une révolution ne se fait pas en un jour, cela fait plusieurs mois que les marques s’activent pour changer leurs habitudes. « La plupart nous disent qu’il s’agit du plus gros défi auquel elles aient eu à faire face », raconte Benjamin Peri, cofondateur de Pyxo. Cette société est leader dans le secteur du réemploi. Elle accompagne quelque 200 enseignes dont Sushi Shop, Sodexo ou encore McDonald’s.
La vaisselle réutilisable, plus écolo ?
Un changement, il était plus que temps ! Selon l’ADEME (Agence de la transition écologique), en France, les enseignes de restauration rapide servent 6 milliards de repas par an et jettent 220 000 tonnes de déchets. Supprimer les contenants jetables ne serait-ce qu’en salle devrait donc avoir un impact direct.
« Pour les marques, c’est une réorganisation colossale. Notamment pour la plonge. Car tout d’un coup, elles se retrouvent avec un énorme volume à nettoyer. C’est aussi un investissement dans des contenants qui coûtent plus cher que les jetables. Mais ce n’est pas énorme puisqu’ils vont être réutilisés 200 à 300 fois avant d’être abimés », détaille Benjamin Peri.
200 ou 300 utilisations c’est beaucoup, mais peu si on prend l’exemple d’un fast-food qui tourne à plein régime dans une grande ville. Est-ce vraiment plus écolo si au bout de 300 repas, soit quelques mois seulement d’utilisation, cette vaisselle en matière plus polluante est jetée ? « Oui, c’est plus écolo, répond l’entrepreneur. Nous avons mandaté des cabinets indépendants. Des organismes publics ont aussi mené des études. Elles montrent que le réutilisable a un impact bien moindre, même à ses échelles-là. On produit rarement en France les emballages jetables. Le papier, la cellulose sont transportés sur des milliers de kilomètres. Cela demande beaucoup d’eau et d’électricité. Bref, ramené au repas, il n’y a pas photo. »
Sur Twitter, même le président de la République s’est félicité de cette nouvelle loi et de la coopération des marques.
Peut-on aller encore plus loin ?
« C’est cela qui est le plus dur dans cette industrie, emporter l’adhésion des fast-foods », confie Benjamin. Et pour cause, selon lui, ce type d’enseignes a justement basé son succès sur le facile, le rapide, le jetable. Introduire du réutilisable dans tout cela est donc vécu comme une contrainte par les marques mais aussi les consommateurs : « Nous devons donc les accompagner et ruser pour montrer que c’est aussi bénéfique pour eux. »
Pour s’assurer de la mise en place de ces mesures, des contrôles seront effectués dès 2023. Et ce, par des inspecteurs des Directions régionales de l’environnement, de l’aménagement et du logement. Selon BFMTV, le ministère de la Transition écologique mettra également en place des amendes de cinquième classe et des astreintes journalières pour les restaurants les plus récalcitrants.
Et concernant la vente à emporter, alors ? « C’est la prochaine étape », estime l’entrepreneur. Il y a des pays, comme les Pays-Bas ou l’Allemagne, où on pratique le réutilisable pour le « to-go », moyennant des systèmes de consigne. En France, cette piste est à l’étude par le gouvernement et la plupart des grandes enseignes s’y préparent déjà.