Le Département de la Gironde a eu l’idée de réutiliser les coquilles de ces huîtres, qui sont consommées en masse dans la région, notamment au moment des fêtes de fin d’année et des célébrations locales estivales : 200 000 tonnes d’huîtres par an pour être précis. Une manne pour le réemploi.
“Beaucoup de gens se sont aperçus de l’utilité de ces coquilles”, raconte Jean Galand, conseiller départemental et vice-président du Département de la Gironde en charge des mobilités et des infrastructures. “Il y a une diversification de la valorisation de ces déchets, qui va de leur réutilisation dans les produits cosmétiques jusqu’à leur intégration dans l’alimentation animale, en passant par la fertilisation des terres.” Et, dans le prolongement, le comblement des carrières souterraines.
“La coquille d’huître, c’est du carbonate de calcium, donc du calcaire, explique Jean Galand. Elle présente les mêmes composantes que le calcaire lorsque l’on fait du ciment. Ça va donner un coulis adapté au colmatage des carrières souterraines.” Une première expérimentation dans une petite carrière du département a donné de bons résultats, qui ont encouragé la suite des opérations.
Un circuit court vertueux
Ces coquilles, il faut d’abord les récupérer. C’est ainsi qu’un partenariat a été mis en place avec une association, mais aussi les ostréiculteurs du bassin d’Arcachon. Des points de collecte ont été mis en place. D’autant que certains ostréiculteurs ont parfois des huîtres inadaptées à la vente ou échappées des parcs, qui sont ainsi récupérées.
Ce sont ensuite des concasseurs qui interviennent, vont venir broyer, pulvériser ces coquilles. Le rendu sera plus ou moins fin selon l’utilisation que l’on va en faire : du plus fin pour l’alimentation animale, jusqu’au plus grossier pour le comblement des carrières.
Ensuite, il faut rajouter de l’eau. Et la Leyre, la rivière toute proche, doit être draguée, comme tous les cours d’eau, de manière récurrente pour permettre le passage des embarcations de tourisme, des canoës… Une opération qui présente donc des avantages à tous les niveaux.
Champignons et endives
La pose de ce ciment est impressionnante. Jean Galand a pu y assister : “Des forages sont réalisés dans le sol. On stabilise avec des planches et on vient injecter ce coulis à base de coquilles d’huîtres, avec une petite fenêtre pour surveiller ce remplissage.” A Lugasson, où le Département déploie la méthode à plus grande échelle, le cubage est assez important : 3000 m³ doivent être comblés.
Au total, 25 kilomètres de routes départementales sont concernés. Avec, en priorité, un travail sur les portions qui apparaissent plus fragiles, selon les rapports réguliers des experts, pour assurer la sécurité des automobilistes. Ces carrières ne seront pas comblées en totalité. Les autres parties sont utilisées par des producteurs de champignons, d’endives… tout ce qui peut vivre et croître dans des endroits sombres et humides : “Toute une économie souterraine, mais bien réelle”.
Une pratique vertueuse en circuit court de valorisation des déchets. “C’est tout un tas de paramètres qui sont pris en compte pour pouvoir satisfaire un besoin, avec un moyen parmi les plus écologiques et économiques”, et le début d’une belle filière, nécessaire, de réemploi de ces coquilles d’huîtres dont on ne sait que faire dans nos assiettes, mais qui peuvent faire des merveilles.