De l’or dans les mains, un nom tout trouvé pour l’association que Gabrielle Légeret a fondée en 2021. Ses missions : « sensibiliser les jeunes aux métiers de la main et réintégrer la pratique manuelle dans les collèges. En France, il y a de nombreux artisans qui ont de l’or dans les mains, les jeunes aussi. Mais ils ne le savent pas. Il n’y a aucun temps aujourd’hui dans le parcours scolaire qui permet de se confronter à la matière et au plaisir de faire avec ses mains. Et donc nous, avec notre association, leur montrons qu’ils ont un potentiel manuel », souligne-t’-elle.
Des ressources à disposition
Pour ce faire, différents outils pédagogiques ont été créés en collaboration avec des artisans et des enseignants. Le but est de créer une passerelle entre le programme de l’Éducation nationale et la pratique artisanale. On compte ainsi un cahier pédagogique, des vidéos, des podcasts, une exposition photo itinérante. Il y a également un programme pédagogique clé en main de 15 h pour les professeurs, intitulé « Je découvre les métiers manuels ». Il s’étale sur une année durant laquelle des artisans-intervenants, rémunérés, animent les séances et font découvrir leur métier avec des cours de pratique. C’est gratuit pour les établissements scolaires. Cette année, 4 000 élèves de 25 collèges partenaires y participent.
La directrice générale de De l’or entre les mains a créé cette association pour plusieurs raisons. « J’ai grandi à la campagne en Touraine. J’ai vu beaucoup d’ateliers de manufacture fermés, faute de transmission et de vocations. En même temps, personne ne nous parlait de ces métiers au collège », se désole-t-elle. « Aujourd’hui, ce qui est alarmant, c’est que 300 000 entreprises artisanales sont à reprendre d’ici à dix ans, selon la Chambre des Métiers et de l’Artisanat (CMA). On a 27 % des savoir-faire industriels qui sont déjà en train de disparaître, en raison d’une absence de repreneurs. Et la majorité des entreprises artisanales sont détenues par des personnes de plus de 55 ans qui vont partir à la retraite », complète la jeune femme.
Redorer les métiers manuels
Outre cette envie de susciter un réel intérêt pour ces métiers chez les jeunes, Gabrielle Légeret veut valoriser les formes d’intelligence autres que celle académique liée au système scolaire classique. « On veut montrer que l’intelligence de la main est formidable. Et prouver que pour des questions de santé mentale et d’addiction aux écrans, la pratique manuelle est un levier pour émanciper les jeunes. Aussi, je veux dire aux élèves qui ont de très bonnes notes que la voie des études supérieures n’est pas que la seule voie. On peut devenir, par exemple, céramiste. Finalement, ces métiers manuels, c’est un prolongement de l’intellect. On ne fait rien sans la mobilisation des mathématiques, de la physique-chimie, de l’histoire, etc ».
L’association De l’or entre les mains est pour le moment implantée en région Centre Val de Loire, Ile-de-France, Bourgogne, Normandie, Auvergne-Rhône-Alpes et Nouvelle-Aquitaine.