Dans le livre “Huis clos, suivi de la tapisserie bleue” (éd. Goater), des poésies percutantes côtoient des photos artistiques de femmes. Sur le corps de chacune d’entre elles, des images sont projetées au rétroprojecteur.
Sur l’une, une image de forêt. Sur l’autre, des chaînes. Sur la troisième, des fleurs. Ces photos font écho aux textes du livre de Stéphanie Pommeret. “Au départ, j’avais réuni une centaine de textes et de photos. Alors, j’ai dû faire un choix. Chaque texte relate l’histoire d’une femme. Ils sont illustrés par une autre femme. J’ai interviewé cinq femmes pour cet ouvrage avec l’aide de la gendarmerie de Guingamp (Côtes-d’Armor, NDLR). Et je ne voulais pas que la femme qui m’a donné son histoire se retrouve en photo à côté de son témoignage. Je voulais que ce soit quelque chose de collectif, et que l’histoire soit portée par les autres, dans une démarche de sororité.”
“On a vécu des beaux moments de sororité”
Elles s’appellent Isabelle, Martine, Soizic, Samantha, Annabelle. Elles sont toutes bretonnes et viennent de milieux complètement différents. Leur point commun ? L’envie de se reconstruire, de raconter leur histoire, les violences qu’elles ont subies et de s’en libérer. “La résidence a duré cinq semaines. Ces femmes étaient à différents stades de leur chemin. Raconter leurs parcours d’une manière artistique, c’est aussi un pas de côté. C’est une façon différente de libérer cette parole. C’est moins institutionnel.”
Le projet Huis clos dépasse aussi l’ouvrage et prend d’autres formes. Stéphanie et ces cinq femmes ont par exemple participé à une résidence avec une danseuse chorégraphe. “Se réapproprier les corps, danser, c’était un moment super émouvant. Les femmes racontaient leurs douleurs. C’était aussi un beau moment de sororité. On a parlé de la vie d’après. C’était très fort”, conclut-elle.
“Huis clos, suivi de la tapisserie bleue“, de Stéphanie Pommeret, éditions Goater.