Culture et patrimoine : à la découverte des jeux gallo-romains

Un atelier d’initiation aux jeux gallo-romains a été proposé au public, lors d’un événement organisé à Bordeaux par l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP).

Écouter le contenu

Les femmes pouvaient-elles jouer durant l’époque gallo-romaine ?

Les femmes pouvaient-elles jouer durant l’époque gallo-romaine ?

02:12

Culture et patrimoine : l’usage des jeux durant l’époque gallo-romaine

Culture et patrimoine : l’usage des jeux durant l’époque gallo-romaine

04:19

Culture et patrimoine : découvrez des jeux gallo-romains avec l’Inrap

Culture et patrimoine : découvrez des jeux gallo-romains avec l’Inrap

04:11

On le sait : le jeu est un moyen pour sociabiliser. De plateau, d’adresse, de hasard, de réflexion… En solo ou à plusieurs, il en existe sous différentes formes, et ce, depuis de nombreuses années. D’ailleurs, d’après des fouilles archéologiques, le jeu le plus ancien retrouvé date d’il y a 5 000 ans. Il s’agirait du Senet, un jeu de plateau apparu dans l’Égypte antique.

Justement, dans l’Antiquité, comment et de quelle façon la population jouait-elle ? L’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) regorge de sources et découverte datant de cette époque, allant de 3 500 avant J-C à 476.

La diversité des jeux gallo-romains

Tristan Tocqueville y est documentaliste. Lors d’un événement organisé par la structure, il a proposé un atelier d’initiation aux jeux gallo-romains. « On va avoir, par exemple, des jeux de stratégie un peu complexes, avec les latroncules, l’ancêtre du jeu de dames et des échecs. La marelle, aussi appelée jeu de moulin, un jeu grec, le pente grammai et l’ancêtre du tangram, le loculus d’Archimède, un puzzle développé par le scientifique. La particularité est qu’il y a au moins 536 solutions, mais toutes n’ont pas été résolues. Ce sont des mathématiciens qui se sont penchés dessus et en ont déduit cela », explique-t-il.

À force d’expérimentation et de diverses sources, les règles des jeux ont pu être reconstitués. Le spécialiste concède qu’il est encore parfois difficile de bien les connaître et qu’il est facile d’interpréter avec notre regard contemporain.

Quant à savoir l’usage des jeux à cette époque, « c’était principalement du divertissement ». Mais ils avaient aussi été développés pour le côté éducatif. D’autres étaient en lien étroit avec les stratégies militaires. « Il y avait des jeux d’argent avec des dés. Officiellement, c’était interdit. Mais le premier à y jouer, c’était l’empereur. Sinon, c’était une pratique collective plutôt en extérieur, dans un bain ou aux toilettes. Mais aussi, en attendant un spectacle de gladiateurs. Les enfants également vont s’exercer avec les jeux. Ils jouent avec des osselets ou des jeux de noix », illustre Tristan. Ce dernier souligne qu’il y a des soupçons sur le fait que le jeu soit aussi utilisé lors de rituels religieux et des oracles. Ce qui est sûr, c’est que beaucoup ont été créés et certains ont perduré.

Les jeux gallo-romains pour qui ?

Au fur et mesure des fouilles, les chercheurs ont pu constater que les jeux étaient utilisés par les hommes. Et les femmes dans tout cela ? « C’est une question qu’on se pose beaucoup. On est dans l’archéologie de genre. On en saura plus à force de fouilles et d’expérimentations. Mais c’est difficile d’y répondre. Comment trouver la trace de ça dans les textes romains ? Ceux qui nous sont parvenus sont des copies réalisées à l’époque médiévale. Ces mêmes textes ont été recopiés à la Renaissance. Donc dans quelles mesures ça a été déformé ou pas, au profit des cultures de ces périodes-là qui visent à rabaisser les femmes plutôt que les hommes. On a encore de belles années de travail pour élucider ça » (rires).

Plus généralement, sur la question de la place du jeu dans les différentes classes sociales à cette époque se pose.

Ce contenu audio a été diffusé le 22 juillet 2024 sur AirZen Radio. Maintenant disponible en podcast sur airzen.fr, notre application et toutes les plateformes de streaming.

Par Jennifer Biabatantou

Journaliste

Agence de communication Perpignan