En France, 30% de la population vit dans un désert médical. Il s’agit « d’une zone géographique dans laquelle il est très difficile, voire impossible, de se faire soigner par un professionnel de santé en raison de l’absence de médecins à proximité », selon le site Vie Publique. Pendant cinq mois, le Docteur Martial Jardel en a parcouru 10 avec son camping-car. Âgé de 32 ans et tout juste diplômé, il a fait le « Tour de France des remplacements » l’an dernier. À son retour, il a eu envie de s’engager davantage.
C’est à ce moment-là que le médecin généraliste, désormais installé en Haute-Vienne, croise sur sa route le collectif Bouge Ton Coq. Celui-ci agit pour revitaliser les villages à différents niveaux. Tous deux étaient préoccupés par l’absence de personnel soignant dans certains territoires. Leurs réflexions les a conduits à penser à un temps partagé solidaire des médecins. « On ne peut pas obliger un docteur à s’installer dans un village pour une longue durée. En revanche, on peut demander à un collectif de médecins un temps court. Une semaine pour soigner nos villages, pour apporter des soins continus », explique Gabriel du Passage, entrepreneur social chez Bouge Ton Coq.
Une solution face aux déserts médicaux
Ils ont alors créé le collectif Médecins Solidaires et le premier centre médical solidaire à Ajain, dans la Creuse. Le village d’un millier d’habitants était en recherche d’un médecin généraliste depuis deux ans. Ce concept inédit en France a été lancé le 31 octobre dernier. Il concerne une patientèle de 10 000 personnes. L’idée repose sur le fait que, chaque semaine, un médecin volontaire exerce dans ce cabinet. Plus de 16 ont déjà effectué des consultations. Ils viennent de toute la France. « Ce sont des jeunes médecins qui sortent d’études, qui ne sont pas installés et sont remplaçants, énumère Gabriel. Il y a aussi des retraités actifs, des docteurs installés dont l’organisation de leur cabinet leur permet de s’absenter une semaine. »
Afin d’assurer une liaison efficace entre tous les spécialistes, deux coordinatrices ont été engagées. Quant à savoir si ce modèle de soins a été créé pour être pérennisé, l’entrepreneur social chez Bouge Ton Coq répond : « Nous ne remettons pas en cause le modèle du médecin de famille. Mais les déserts médicaux s’étendant de plus en plus, notre résolution c’est l’action. Nous croyons en la mobilisation d’un collectif de médecins qui pourrait agir à temps partagé. » Aussi, en créant du flux, ils espèrent aboutir à l’installation d’un docteur dans ces territoires en manque de personnel de santé.
Penser autrement le système de soin
Par ailleurs, pour le Docteur Martial Jardel, il est important à travers ce dispositif « d’essayer de réenchanter la médecine généraliste, de sortir de cette ambiance morose. Quand on est jeune médecin, on peut avoir toute la fougue. Au début des études, beaucoup d’étudiants n’ont plus envie de faire ce métier parce qu’on leur annonce un avenir gris, opaque et difficile. Alors que l’on peut avoir une discussion beaucoup plus optimiste, enthousiaste et plus efficace. »
Le collectif Médecins Solidaires prend en charge le déplacement, le logement et le salaire du soignant pendant son déplacement.