Le CHU de Bordeaux a dévoilé les résultats préliminaires de l’étude nationale Cynocov, visant à déterminer la valeur prédictive du chien par rapport au test PCR dans le cadre du dépistage du Covid-19. Quatre binômes bénévoles composés d’un chien et de son maître ont été sélectionnés.
Les animaux ont reniflé des cotons préalablement imbibés de la sueur des personnes testées. Et le résultat est édifiant. Les chiens sont parvenus à identifier 95% des personnes positives au Covid-19. Ces résultats sont bien supérieurs à ceux des tests en laboratoire ou pharmacie.
Des chiens détecteurs de Covid-19 : des résultats encourageants
Le programme de l’École nationale vétérinaire d’Alfort, dont fait partie l’équipe bordelaise, avait déjà commencé à s’intéresser aux cancers colorectaux, à la détection des hypoglycémies dans le cadre du diabète, aux anticipations des crises d’épilepsie. “On savait que les chiens pouvaient rendre un précieux service dans le cadre de la détection olfactive des maladies et affections de longue durée. On a commencé à avoir quelques indices sur les infections nosocomiales”, raconte le docteur Thierry Pistone, praticien hospitalier, infectiologue au CHU de Bordeaux.
Alors, le professeur Grandjean, en 2020 pendant le premier confinement, s’est posé la question de la détection de la Covid par les chiens en région parisienne. Les résultats sont encourageants. Le CHU de Bordeaux monte donc une étude associée à son programme. En 2022, l’équipe se concentre sur des brigades de chiens bénévoles, dans l’idée qu’elles pourraient être déployées plus facilement que des chiens de pompiers ou de gendarmes qui sont déjà affectés à d’autres missions.
Détecter l’infection avant le test positif
Le principe est simple. Il suffit de frotter un coton sur sa nuque ou sous son aisselle. Les cotons ainsi imbibés vont ensuite être présentés aux chiens dans des pots encastrés dans un dispositif. Les chiens sont très rapides dans leur détection. Il leur suffit de 20 secondes pour tester 10 échantillons. Ils vont ensuite marquer les échantillons positifs selon des codes déterminés en amont.
Plus de 400 participants testés positifs au Covid-19 depuis le printemps 2021 se sont prêtés au jeu. Les échantillons portent sur trois variants principaux. À chaque fois, les chiens semblent aussi performants. “On a des arguments qui commencent à s’étoffer sur le fait que les chiens sembleraient marquer l’infection avant que la PCR ne soit positive”, précise le Dr Pistone.
Les applications seraient multiples. Par exemple, proposer le déploiement de deux chiens sur une mission de dépistage dans une école ou un Ehpad. Mais également dans des situations où les soins invasifs sont plus compliqués. Aux aéroports, pour des évènements sportifs ou festifs. “Cela pourrait permettre de se rendre compte s’il y a un cluster et ainsi prendre des mesures pour ensuite compléter la recherche si nécessaire avec un PCR.”
Appréhender la santé de manière globale
“Ça nous permet, en tant que professionnels de santé humaine, d’appliquer les préceptes d’un concept qui commence à prendre le dessus en santé globale, c’est le concept d’une seule santé. On ne peut être efficace en santé publique que si l’on fait intervenir tous les acteurs de la santé, humaine et animale, de l’environnement, biologistes, épidémiologistes, écologistes. Au début du Covid, on a oublié la santé animale alors que les vétérinaires avaient déjà une connaissance très poussée des coronavirus. Ils avaient déjà développé des vaccins pour les animaux, avaient des tests PCR. On aurait gagné un temps énorme en termes de réponse opérationnelle en santé humaine.”
Aujourd’hui, c’est chose faite. Le Conseil scientifique a intégré un vétérinaire un an après le début de la pandémie.